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  • : TOUT SUR L'A.L.S.© (Analyse des Logiques Subjectives©)
  • : Blog scientifique sur l'A.L.S.© (Analyse des Logiques Subjectives©), méthode originale d'analyse de discours partant des métaphores quotidiennes et de la psychanalyse. Applications dans de nombreux domaines des Sciences Humaines et Sociales : linguistique, littérature (Camus), poésie (Baudelaire), traduction, rhétorique, argumentation, psychologie sociale. Textes, articles, exercices, discussions,dictionnaires.Google+
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Mots-clé : analyscience, linguistique, analyse de discours, sémantique, microsémantique, microsémantique du fantasme, logique de la déraison, lexicologie, subjilecte, métaphore, paradiastole, oxymore, isotopie subjective, axiologie, homonyme, homonymie, pseudosynonyme, pseudosynonymie, psychanalyse, Lacan, Réel Symbolique Imaginaire, psychologie, psychologie sociale, psychose, paranoïa, paranoïaque, schizophrénie, schizophréne, rhétorique, argumentation, épistémologie, logique, logique libre, poésie, littérature, surréalisme, Hocquenghem, Charles Baudelaire, traduction, malentendu, dialogue de sourds, expressions figées, Jean-Jacques Pinto, Jean-Claude Milner, L’Œuvre claire, Albert Camus, Marie Cardinal, Amélie Nothomb, Georges Brassens, Henry Miller, Georges Bataille, Michel Leiris, Parménide, hystérie, hystérique, obsession, obsessionnel, phobie, phobique, angoisse, inconscient, formations de l'inconscient, rêve, rébus, lapsus, oubli, acte manqué, mot d'esprit, interprétation, antiphilosophie, anti-philosophie, Cyrano, Cyrano de Bergerac, Aragon, Nietzsche, Mallarmé, Schreber, subjiciel, points de vue, la subjectivité comme artifice, subjectivité, subjectivité artificielle, machina subjectiva, argot, Luce Irigaray, Hélène Cixous, Gilles Deleuze, Félix Guattari, Jean-François Lyotard, homéopsychie, malaise dans la civilisation, propagande, propagande et psychanalyse, psychanalyse et propagande, neurosciences, neurosciences et psychanalyse, psychanalyse et neurosciences, approche logiciste, Jean-Claude Gardin, Jean Molino, cognisème, subjisème, prothèse psychique, identification cognitive, identification subjective, galiléisme, galiléisme étendu, science galiléenne, structuralisme, structure, langage, définition apophatique de la psychanalyse, définition récursive de la psychanalyse

 


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12 juin 2009 5 12 /06 /juin /2009 09:57


Voici, à comparer avec les textes de Luce IrigarayHélène Cixous, et Jean-François Lyotardqu'il faut avoir déjà lus et analysés, un long extrait de Rhizome, Introduction, par Gilles Deleuze et Félix Guattari, Éditions de Minuit, 1976.

 

Pour en augmenter la lisibilité, nous le présentons par paragraphes absents dans l'édition originale.

Comment analyseriez-vous cet extrait au moyen de l'A.L.S.
? Pour gagner du temps, les séries et les valeurs sont déjà notées. 
Même convention que d'habitude  (mots en italique: série A ; mots en gras : série B ; mots en italique gras : parler EI ; mots soulignés: valeur + ; mots non soulignés : valeur ).
 
      Nous ne parlons plus beaucoup de psychanalyse, pourtant nous en parlons encore, et trop. Plus rien ne passe par là. Nous en étions profondément las, mais dans l'incapacité d'arrêter tout de suite. Les psychanalystes et surtout les psychanalysés nous ennuient trop. Cette matière qui nous retardait, il fallait que nous la précipitions pour notre compte — sans nous faire illusion sur la portée objective d'une telle opération —, il fallait que nous lui communiquions une vitesse artificielle capable de la porter jusqu'à la rupture ou au craquement pour nous.

      C'est fini, nous ne parlerons plus du tout de psychanalyse après ce livre. Personne n'en souffrira, ni eux ni nous. C'est curieux, comme les objections qu'on vous fait sont des retardateurs. Quand vous essayez de nager dans un ruisseau, on vous met des boulets aux pieds : avez-vous pensé à ceci, que faites-vous de cela ? êtes-vous bien cohérents ? ne voyez-vous pas la contradiction ? Douceur aussi, de ne jamais répondre. Il n'y a qu'une chose pire encore que les objections et réfutations d'objections, c'est la réflexion, le retour à ... Par exemple, dans un livre, le retour à un livre précédent : qu'en est-il de ? Avez-vous bien compris Freud ? Et votre dernier livre, avez-vous changé ? Faire le point, quelle horreur.

      Un livre n'a pas d'objet ni de sujet, il est fait de matières diversement formées, de dates et de vitesses très différentes. Dès qu'on attribue le livre à un sujet, on néglige ce travail des matières, et l'extériorité de leurs relations. On fabrique un bon Dieu pour des mouvements géologiques. Dans un livre comme dans toute chose, il y a des lignes d'articulation ou de segmentarité, des strates, des territorialités ; mais aussi des lignes de fuite, des mouvements de déterritorialisation et de déstratification. Les vitesses comparées d'écoulement de flux d'après ces lignes entraînent des phénomènes de retard relatif, de viscosité, ou au contraire de précipitation et de rupture (oui, la psychanalyse a été notre boulet, il fallait limer).

      Tout cela, les lignes et les vitesses mesurables, constitue un agencement machinique. Un livre est un tel agencement, comme tel inattribuable. C'est une multiplicité — mais on ne sait pas encore ce que le multiple implique quand il cesse d'être attribué, c'est-à-dire quand il est élevé à l'état de substantif. Un agencement machinique est tourné vers les strates qui en font sans doute une sorte d'organisme, ou bien une totalité signifiante, ou bien une détermination attribuable à un sujet, mais non moins vers un corps sans organes qui ne cesse de défaire l'organisme, de faire passer et circuler des particules asignifiantes, intensités pures, et de s'attribuer les sujets auxquels il ne laisse plus qu'un nom comme trace d'une intensité.

[...] On ne demandera jamais ce que veut dire un livre, signifié ou signifiant, on ne cherchera rien à comprendre dans un livre, on se demandera avec quoi il fonctionne, en connexion de quoi il fait ou non passer des intensités, dans quelles multiplicités il introduit et métamorphose la sienne, avec quels corps sans organes il fait lui-même converger le sien. Un livre n'existe que par le dehors et au-dehors.


[...] Écrire n'a rien à voir avec signifier, mais avec arpenter, cartographier, même des contrées à venir.

      Un premier type de livre, c'est le livre-racine. L'arbre est déjà l'image du monde, ou bien la racine est l'image de l'arbre-monde. C'est le livre classique, comme belle intériorité organique, signifiante et subjective (les strates du livre). Le livre imite le monde, comme l'art, la nature : par des procédés qui lui sont propres, et qui mènent à bien ce que la
nature ne peut pas ou ne peut plus faire. La loi du livre, c'est celle de la réflexion, le Un qui devient deux. Comment la loi du livre serait-elle dans la nature, puisqu'elle préside à la division même entre monde et livre, nature et art ? Un devient deux : chaque fois que nous rencontrons cette formule, fût-elle énoncée stratégiquement par Mao, fût-elle comprise le plus « dialectiquement » du monde, nous nous trouvons devant la pensée la plus classique et la plus réfléchie, la plus vieille, la plus fatiguée. La nature n'agit pas ainsi : les racines elles-mêmes y sont pivotantes, à ramification plus nombreuse, latérale et circulaire, non pas dichotomique.

      L'esprit retarde sur la
nature. Même le livre comme réalité naturelle est pivotant, avec son axe, et les feuilles autour. Mais le livre comme réalité spirituelle, l'Arbre ou la Racine en tant qu'image, ne cesse de développer la loi de l'Un qui devient deux, puis deux qui deviennent quatre... La logique binaire est la réalité spirituelle de l'arbre-racine. [...] La logique binaire et les relations bi-univoques dominent encore la psychanalyse (l'arbre du délire dans l'interprétation freudienne de Schreber), la linguistique et le structuralisme, même l'informatique.

      Le système-radicelle, ou racine fasciculée, est la seconde figure du livre, dont notre modernité se réclame volontiers.
[...] Le monde est devenu chaos, mais le livre reste image du monde, chaosmos-radicelle, au lieu de cosmos-racine. Etrange mystification, celle du livre d'autant plus total que fragmenté. Le livre comme image du monde, de toute façon quelle idée fade. En vérité, il ne suffit pas de dire Vive le multiple, bien que ce cri soit difficile à pousser. Aucune habileté typographique, lexicale ou même syntaxique ne suffira à le faire entendre. Le multiple, il faut le faire, non pas en ajoutant toujours une dimension supérieure, mais au contraire le plus simplement, à force de sobriété, au niveau des dimensions dont on dispose, toujours n-1 (c'est seulement ainsi que l'un fait partie du multiple, en étant toujours soustrait). Soustraire l'unique de la multiplicité à constituer ; écrire à n-1.

      Un tel système pourrait être nommé rhizome. Un rhizome comme tige souterraine se distingue absolument des racines et radicelles. Les bulbes, les tubercules sont des rhizomes.
[...]  Nous sentons bien que nous ne convaincrons personne si nous n'énumérons pas certains caractères approximatifs du rhizome,

      1° et 2° — Principes de connexion et d'hétérogénéité : n'importe quel point d'un rhizome oeuf être connecté avec n'importe quel autre, et doit l'être. C'est très différent de l'arbre ou de la racine qui fixent un point, un ordre. L'arbre linguistique à la manière de Chomsky commence encore à un point S et procède par dichotomie. Dans un rhizome au contraire, chaque trait ne renvoie pas nécessairement à un trait linguistique : des chaînons sémiotiques de toute nature y sont connectés à des modes d'encodage très divers, chaînons biologiques, politiques, économiques, etc., mettant en jeu non seulement des régimes de signes différents, mais aussi des statuts d'états de choses. Les agencements collectifs d'énonciation fonctionnent en effet directement dans les agencements machiniques, et l'on ne peut pas établir de coupure radicale entre les régimes de signes et leurs objets. Dans la linguistique, même quand on prétend s'en tenir à l'explicite et ne rien supposer de la langue, on reste à l'intérieur des sphères d'un discours qui implique encore des modes d'agencement et des types de pouvoir sociaux particuliers. La grammaticalité de Chomsky, le symbole catégoriel S qui domine toutes les phrases, est d'abord un marqueur de pouvoir avant d'être un marqueur syntaxique : tu constitueras des phrases grammaticalement correctes, tu diviseras chaque énoncé en syntagme nominal et syntagme verbal (première dichotomie...).
[...]  Un rhizome ne cesserait de connecter des chaînons sémiotiques, des organisations de pouvoir, des occurrences renvoyant aux arts, aux sciences, aux luttes sociales. Un chaînon sémiotique est comme un tubercule agglomérant des actes très divers, linguistiques, mais aussi perceptifs, mimiques, gestuels, cogitatifs : il n'y a pas de langue en soi, ni d'universalité du langage, mais un concours de dialectes, de patois, d'argots, de langues spéciales. Il n'y a pas de locuteur-auditeur idéal, pas plus que de communauté linguistique homogène. La langue est, selon une formule de Weinreich, « une réalité essentiellement hétérogène ». Il n'y a pas de langue-mère, mais prise de pouvoir par une langue dominante dans une multiplicité politique.

      On peut toujours opérer sur la langue des décompositions structurales internes : ce n'est pas fondamentalement différent d'une recherche de racines. Il y a toujours quelque chose de généalogique dans l'arbre, ce n'est pas une méthode populaire. Au contraire, une méthode de  type rhizome ne peut analyser le langage qu'en le décentrant sur d'autres dimensions et d'autres registres. Une langue ne se referme jamais sur elle-même que dans une fonction d'impuissantation.

3° — Principe de multiplicité : c'est seulement quand le multiple est effectivement traité comme substantif, multiplicité, qu'il n'a plus aucun rapport avec l'Un comme sujet ou comme objet, comme réalité naturelle ou spirituelle, comme image et monde.

      Début de réponse : analyse des trois premiers paragraphes. Quelques "grands classiques" du parler extraverti ou changement / destruction :


      Valorisation de  passer, précipiter, communiquer, vitesse, rupture, craquement

      Dévalorisation de profondément, las, ennuyer, retarder

      Le mot "matière" peut être rattaché à la série B dans l'opposition "matière (lourd) / esprit (léger)", ou à la série A  dans l'opposition " matière (concret) / esprit (abstrait)". Le contexte ("Cette matière qui nous retardait", et plus bas ; " la psychanalyse a été notre boulet") indique clairement qu'ici "matière" est B dévalorisé.

      Exceptions à la dominante extravertie :  
      "artificielle"  habituellement B-, ici B+
      "tout de suite" habituellement A+, ici A-

      L'expression "dans l'incapacité d'arrêter tout de suite" est intéressante à commenter : malgré le "mais" de déploration apparente, une satisfaction de type "extraverti" est obtenue dans la manifestation de l'incapacité (A+) et l'impossibilité d'arrêter (B-). Un "symptôme" déploré consciemment comme contrariant peut très bien satisfaire à la logique du discours fantasmatique.

[ A suivre ... ]
 
Lire également :
 
 
 
 

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Français
L'A.L.S. (Analyse des Logiques Subjectives) est une méthode d’analyse des mots (lexèmes) d’un texte parlé ou écrit, inspirée par la psychanalyse, qui permet, sans recourir au non-verbal (intonations, gestes, mimiques), d’avoir une idée de la personnalité de l’auteur et de ceux qu’il peut espérer persuader ou séduire.

English
A.L.S (Analysis of Subjective Logics) is an analytical method concerned with the words (lexical items) of a spoken or written text. Drawing on psychoanalysis, it allows one, without resorting to the non-verbal (intonations, gestures, mimics, etc.), to get an idea of the personality of the author as well as of those one expects to persuade or to entice.

Deutsch
Die A.L.S (Analyse der Subjektiven Logiken) ist eine Untersuchungsmethode der Wörter (lexikalische Einheiten) eines gesprochenen oder geschriebenen Textes, mit einer Inspiration der Psychoanalyse, der erlaubt, ohne sich an das Nichtverbale (Intonationen, Bewegungen, Mimiken, u.s.w.) zu wenden, eine Idee der Personalität des Autors und derjenigen zu bekommen, die er zu überreden oder zu bezaubern hofft.

Português
A A.L.S. (Análise das Lógicas Subjetivas) é um método de análise das palavras (unidades lexicais) de um texto falado ou escrito, inspirado pela psicanálise, que permite, sem recorrer ao não-verbal (intonações, gestos, mímicas, etc.), ter uma idéia da personalidade do autor e daqueles que ele pode esperar persuadir ou seduzir.

Español
El A.L.S. (Análisis de las Lógicas Subjectivas) es un método de análisis de las palabras (lexemas) de un texto hablado o escrito, inspirado por la psicoanálisis, que permite, sin recurrir al no verbal (intonaciones, gestos, mímicas), tener una idea de la personalidad del autor y de aquellos a los que puede esperar persuadir o seducir.

Italiano
L'A.L.S. (Analisi delle Logiche Soggettive, è un metodo di analisi delle parole ("lexèmes") di un testo parlato o scritto, ispirata per la psicanalisi, che permette, senza ricorrere al no-verbale (intonazioni, gesti, mimici), di avere un'idea della personalità dell'autore e di quelli che può sperare di persuadere o sedurre.

 

 
Résumé : Blog de diffusion de textes et de discussions autour de l'Analyse des Logiques Subjectives, méthode linguistique originale d'analyse de discours partant des métaphores courantes et de la psychanalyse.

Abstract : Blog about "Analysis of Subjective Logics ", an original linguistic approach in discourse analysis.


Mots-clé : linguistique, analyse de discours, métaphore, psychanalyse, Lacan, psychologie, psychologie sociale, psychose, paranoïa, schizophrénie, rhétorique, argumentation, épistémologie, poésie, littérature, Baudelaire, traduction, malentendu, expressions figées, Jean-Claude Milner, Albert Camus, Marie Cardinal, Amélie Nothomb, Georges Brassens, Henry Miller, Parménide, Cyrano de Bergerac, Aragon, Nietzsche, hystérie, obsession, phobie, angoisse, inconscient, rêve, rébus, subjiciel

Keywords : linguistics, "discourse analysis", metaphor, psychoanalysis, Lacan, psychology, social psychology, psychosis, paranoia, schizophrenia, rhetorics, argumentation, epistemology, poetry, litterature, Baudelaire, translation, misunderstanding, frozen expressions, Jean-Claude Milner, Albert Camus, Marie Cardinal, Amélie Nothomb, Georges Brassens, Henry Miller, Parménide, Cyrano de Bergerac, Aragon, Nietzsche,
hysteria, fixed idea, phobia, anxiety, the unconscious, dream, rebus, subjiciel

Schlüsselwörter : Linguistik, Redeanalyse, Metapher, Psychoanalyse, Lacan, Psychologie, soziale Psychologie, Psychose, Paranoia, Schizophrenie, Rhetorik, Argumentation, Epistemologie, Poesie, Literatur, Baudelaire, Übersetzung, Mißverständnis, starre Ausdrücke, Jean- Claude Milner, Albert Camus, Marie Cardinal, Amélie Nothomb, Georges Brassens, Henry Miller, Parménide, Cyrano de Bergerac, Aragon, Nietzsche, Hysterie, Zwangsvorstellung, Phobie, Angst, Unbewusstes, Traum, Rebus, subjiciel

Palavras-chaves : linguística, análise de discursos, metáfora, psicanálise, Lacan, psicologia, psicologia social, psicose, paranóia, esquizofrenia, retórica, argumentação, epistemologia, poesia, literatura, Baudelaire, tradução, equívoco, expressões bloqueadas, Jean- Claude Milner, Albert Camus, Marie Cardinal, Amélie Nothomb, Georges Brassens, Henry Miller, Parménide, Cyrano de Bergerac, Aragon, Nietzsche, histeria, idéia fixada, fobia, inquietude, o inconsciente, sonho, rébus, subjiciel

Palabras-clave : lingüistica, análisis de discurso, metáfora, psicoanálisis, Lacan, psicología, psicología social, psicosis, paranoïa, esquizofrenia, retórica, argumentación, epistemología, poesía, literatura, Baudelaire, traducción, malentendido, expresiones cuajadas, Jean-Claude Milner, Albert Camus, Marie Cardinal, Amélie Nothomb, Georges Brassens, Henry Miller, Parménide, Cyrano de Bergerac, Aragon, Nietzsche, histerismo, obsesión, fobia, angustia, inconsciente, sueño, jeroglífico, subjiciel

Parola-chiave : linguistica, analisi di discorso, metafora, psicanalisi, Lacan, psicologia, psicologia sociale, psicosi, paranoia, schizofrenia, retorica, argomentazione, epistemologia, poesia, letteratura, Baudelaire, traduzione, malinteso, espressioni idiomatiche, Jean-Claude Milner. , Albert Camus, Marie Cardinal, Amélie Nothomb, Georges Brassens, Henry Miller, Parménide, Cyrano de Bergerac, Aragon, Nietzsche,  isterismo, ossessione, fobia, angoscia, inconscio, sogno, rebus, subjiciel

 

 

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12 juin 2009 5 12 /06 /juin /2009 09:56

Voici, à comparer avec le texte de Luce Irigaray, qu'il faut avoir déjà lu et analysé, un long extrait de Sorties, par Hélène Cixous in "La jeune née" 10/18, 1975. Comment analyseriez-vous cet extrait au moyen de l'A.L.S. ? Pour gagner du temps, les séries et les valeurs sont déjà notées. Même convention que d'habitude (mots en italique: série A ; mots en gras : série B ; mots en italigras : parler E → I ; mots soulignés : valeur + ; mots non soulignés : valeur ).


D'une certaine manière l'écriture féminine ne cesse de résonner du déchirement qu'est pour la femme la prise de la parole orale, — « prise » qui est effectuée plutôt comme un arrachement, un essor vertigineux et un lancer de soi, une plongée. Écoute parler une femme dans une assemblée (si elle n'a pas douloureusement perdu le souffle) : elle ne « parle » pas, elle lance dans l'air son corps tremblant, elle se lâche, elle vole, c'est toute entière qu'elle passe dans sa voix, c'est avec son corps qu'elle soutient vitalement la « logique » de son discours : sa chair dit vrai. Elle s'expose. En vérité, elle matérialise charnellement ce qu'elle pense ; elle le signifie avec son corps. Elle inscrit ce qu'elle dit, parce qu'elle ne refuse pas à la pulsion sa part indisciplinable et passionnée à la parole. Son discours, même « théorique » ou politique, n'est jamais simple ou linéaire, ou « objectivé », généralisé, elle entraîne dans l'histoire son histoire.

Toute femme a connu le tourment de la venue à la parole orale, le cœur qui bat à se rompre, parfois la chute dans la perte de langage, le sol, la langue se dérobant, tant parler est pour la femme — je dirai même ouvrir la bouche en public, une témérité, une transgression.

Double détresse, car même si elle transgresse, sa parole choit presque toujours dans la sourde oreille masculine, qui n'entend dans la langue que ce qui parle au masculin.

Parler, lancer des signes vers une scène, faire usage de la rhétorique adéquate, c'est à quoi culturellement nous ne sommes pas accoutumées. Mais aussi à quoi nous ne trouvons pas notre plaisir : on ne tient, en effet un discours qu'à un certain prix. La logique de la communication exige une économie et de signes — de signifiants — et de subjectivité. On demande à l'orateur qu'il déroule un fil sec, maigre, raide. Nous aimons l'inquiétude, le questionnement. Il y a du déchet dans ce que nous disons. Nous avons besoin de ce déchet. Écrire, c'est toujours en cassant la valeur d'échange qui maintient la parole sur son rail, faire à la surabondance, à l'inutile, leur part sauvage. C'est pourquoi, il est bon de laisser la langue s'essayer, comme on essaie une caresse, de prendre le temps qu'il faut à une phrase une pensée, pour se faire aimer, se faire résonner.

Voix ! c'est aussi se lancer, cet épanchement dont il ne revient rien. Exclamation, cri, essoufflement, hurlement, toux, vomissement, musique. Elle part. Elle perd. Et c'est ainsi qu'elle écrit, comme on lance la voix, en avant, dans le vide. Elle s'éloigne, elle avance, ne se retourne pas sur ses traces pour les examiner. Ne se regarde pas. Course casse-cou. Au contraire du narcissisme masculin, préoccupé, s'assurant de son image, d'être regardé, de se voir, de rassembler ses éclats, de se rempocher. Regard ramenant, regard toujours divisé retournant, économie du miroir, il faut qu'il s'aime. Mais elle : s'élance, cherche à aimer. Ainsi d'ailleurs l'a senti Valéry, marquant d'ambiguïté sa Jeune Parque se cherchant, masculine dans sa jalousie d'elle-même : « se voyant se voir », devise de, toute la spéculation / spécularisation phallocentrique ; de tout Teste ; féminine dans l'éperdue descente plus bas plus bas où dans le ressassement de la mer se perd une voix qui ne se connaît pas.

Voix-cri. Agonie, — « parole » explosée, déchiquetée par la douleur et la colère, pulvérisant le discours : ainsi a-t-elle toujours été entendue déjà depuis l'époque où la société masculine commençait à l'écarter du devant de la scène, à l'expulser, à la dépouiller. Depuis Médée, depuis Électre...

Voix : détachement, et fracas. Feu ! Elle tire, elle se tire. Casse. Depuis leur corps où elles ont été enterrées, confinées, et en même temps interdites de jouir. De la féminité les femmes ont presque tout a écrire : de leur sexualité, c'est-à-dire de l'infinie et mobile complexité de leur érotisation, des ignitions fulgurantes de telle infime-immense région de leur corps, non du destin, mais de l'aventure de telle pulsion, voyages, traversées, cheminements, brusques et lents éveils, découvertes d'une zone naguère timide, tout à l'heure surgissante. Le corps de la femme aux mille et un foyers d'ardeur, quand elle le laisserafracassant les jougs et censuresarticuler le foisonnement des significations qui en tous sens le parcourt, c'est de bien plus d'une langue qu'il va faire retentir la vieille langue maternelle à un seul sillon.


Outre la notation des séries et des valeurs, nous allons considérer dans ce texte un certain nombre de verbes réfléchis, source d'information pertinente pour l'A.L.S.

Tout verbe pronominal n'est pas réfléchi : se battre (l'un l'autre, mutuel), se servir un verre (à soi-même, complément d'objet indirect = datif). Seuls sont dits réfléchis les verbes où "se"est complément d'objet direct = accusatif. Les voici (ainsi que les tournures équivalentes) dans le texte de Cixous :

  • lancer de soi, lancer dans l'air son corps, se lâcher, s'exposer, s'essayer, se faire aimer, se faire résonner, se lancer, s'éloigner, se retourner, se regarder, s'assurer, se voir, rassembler ses éclats, se rempocher, s'aimer, s'élancer, se chercher, se tirer.

 

 

Analyse détaillée :

 

Premier paragraphe : le point de vue I (introverti) domine, sous forme de nombreux mots de la série A valorisés, les mots de la série B étant dévalorisés (se reporter aux listes d'atomes) :

  • mots de la série A valorisés : parler, ne cesse (« cesser » étant B), résonner, déchirement, parole orale (pléonasme ? ou opposé de « parole écrite » ?), arrachement, essor, vertigineux, lancer de soi, plongée, souffle), lance, air, corps, tremblant, se lâche, vole, passe, voix, corps, vitalement, chair, s'expose, matérialise, charnellement, corps, ne refuse pas, pulsion, indisciplinable, passionnée, parole, entraîne, histoire (personnelle)

  • mots de la série B dévalorisés : « prise », « parle », « théorique », « logique », politique, simple, linéaire, « objectivé », généralisé

  • mots neutres : prise, pense, signifie, dit, histoire (champ du savoir)

Il y a quelques « intrus » amenant de brefs passages dans le point de vue E (inrtoverti) :

  • mots de la série A dévalorisés :

    - douloureusement : « douloureux » est rattaché à la série A en vertu du fait que toute majoration de sensation, bonne ou mauvaise, y figure (« indolore » étant à l'inverse rattaché à la série B). Le point de vue E valorise les « sensations fortes » même désagréables, et recherche le « sensationnel ». Quand à la douleur au sens plein du terme, elle est recherchée en écho à celle infligée par le parent rejetant : dans « Bénédiction » de Baudelaire, au « sadisme » maternel (« Je tordrai cet arbre misérable » qu'est l'enfant maudit) répond le « masochisme » de son fils : « Je sais que la douleur est la noblesse unique ». Ici « douleur » est dévalorisé, on est donc dans le point de vue I.

    - perdu : perdre est A comme garder est B. Ici il est dévalorisé, on est donc aussi dans le point de vue I.

  • mots de la série B valorisés :

    - toute entière : «entière» est rattaché à la série B (comme « fragmenté » est rattaché à la série A) et renforcé par « toute ». La locution est valorisée, on est dans le point de vue I.

    - soutient, incrit, vrai : même remarque

 

Quelques points particuliers  :

  • Nous notons « parole orale » et « parler » comme A valorisé, mais pourtant « parle » comme B dévalorisé dans « elle ne « parle » pas, elle... ». En effet « parler » est une molécule mixte, qui contient les atomes A « sonore », « vocal », « éphémère » mis en relief dans son opposition à « écrire » (« les paroles s'envolent, les écrits restent »), mais qui contient également les atomes B « passif » et « immobile » dans son opposition à « agir » (« actif », « mobile ») : « assez de paroles, des actes ! ». H. Cixous retire le mot « parle » dans ce sens passif, pour le remplacer par des actes : « elle lance dans l'air son corps tremblant, elle se lâche, elle vole, elle passe dans sa voix ».

  • Dans « prise de parole orale », « prise » est neutre, vide de toute sémantique de saisie, capture, etc., c'est la forme substantivée de « prendre la parole », où « prendre » est un verbe-support qui associé au nom prédicatif « parole » constitue une paraphrase de « commencer à parler ». Mais dans son élan « extraverti » H. Cixous fait mine de ressusciter le sens plein (pourtant ici absent) de saisie-capture pour remplacer le mot « prise » (abusivement rattaché de ce fait à la série B) par des mots de la série A, valorisés : arrachement, essor vertigineux, lancer de soi, plongée.

  • « plongée », dans ce contexte de mouvement et de projection de l'action en cours, est A. Mais dans un contexte différent où domine à l'arrivée l'immersion prolongée dans un milieu pourtant liquide (A) mais qui menace le sujet de noyade-asphyxie-étouffement (B) sans retour à l'air libre (A), « plonger » et ses dérivés deviennent B : « être plongé dans le noir/la dépression/les soucis », « il a plongé », etc. Il rejoint alors « couler », « sombrer », « se noyer »...

 

                                               À SUIVRE...

 

 

D'autres analyses d'extraits de poésie et littérature :

Application de l'A.L.S. au corpus des Fleurs du Mal de Ch. Baudelaire

Mallarmé mal aimé ?

La personnalité de Cyrano vue par l'A.L.S.

Un passage de "Cyrano de Bergerac", d'Edmond Rostand

La tirade des "Non merci !" de Cyrano de Bergerac

 

Un personnage de Thierry Bataille à "diagnostiquer"


Un personnage d'Albert Camus à "diagnostiquer"

Une citation d'Antonin Artaud


Un texte de Luce Irigaray

Un "Manifeste" de Witold Gombrowicz

Un texte d'Henry de Montherlant

Baudelaire : Notes nouvelles sur Edgar Poe

Quelle est la "personnalité" de Du Bellay ?

De Du Bellay à Piaf : regretter ou non ?

L'avant-lire et les préfaces de "Le libertinage", d'Aragon

Une courte critique littéraire à analyser


Une chanson de Georges Brassens, "Le pornographe"

Passage extrait du livre de H. Miller "Le monde du sexe"

Application de l'A.L.S. à la traduction


 

[ A suivre ... ]

 


 

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Français
L'A.L.S. (Analyse des Logiques Subjectives) est une méthode d’analyse des mots (lexèmes) d’un texte parlé ou écrit, inspirée par la psychanalyse, qui permet, sans recourir au non-verbal (intonations, gestes, mimiques), d’avoir une idée de la personnalité de l’auteur et de ceux qu’il peut espérer persuader ou séduire.

English
A.L.S (
Analysis of Subjective Logics) is an analytical method concerned with the words (lexical items) of a spoken or written text. Drawing on psychoanalysis, it allows one, without resorting to the non-verbal (intonations, gestures, mimics, etc.), to get an idea of the personality of the author as well as of those one expects to persuade or to entice.

Deutsch
Die A.L.S (Analyse der Subjektiven Logiken) ist eine Untersuchungsmethode der Wörter (lexikalische Einheiten) eines gesprochenen oder geschriebenen Textes, mit einer Inspiration der Psychoanalyse, der erlaubt, ohne sich an das Nichtverbale (Intonationen, Bewegungen, Mimiken, u.s.w.) zu wenden, eine Idee der Personalität des Autors und derjenigen zu bekommen, die er zu überreden oder zu bezaubern hofft.

Português
A A.L.S. (
Análise das Lógicas Subjetivas) é um método de análise das palavras (unidades lexicais) de um texto falado ou escrito, inspirado pela psicanálise, que permite, sem recorrer ao não-verbal (intonações, gestos, mímicas, etc.), ter uma idéia da personalidade do autor e daqueles que ele pode esperar persuadir ou seduzir.

Español
El A.L.S. (Análisis de las Lógicas Subjectivas) es un método de análisis de las palabras (lexemas) de un texto hablado o escrito, inspirado por la psicoanálisis, que permite, sin recurrir al no verbal (intonaciones, gestos, mímicas), tener una idea de la personalidad del autor y de aquellos a los que puede esperar persuadir o seducir.

Italiano
L'A.L.S. (Analisi delle Logiche Soggettive, è un metodo di analisi delle parole ("lexèmes") di un testo parlato o scritto, ispirata per la psicanalisi, che permette, senza ricorrere al no-verbale (intonazioni, gesti, mimici), di avere un'idea della personalità dell'autore e di quelli che può sperare di persuadere o sedurre.

 

 
Résumé : Blog de diffusion de textes et de discussions autour de l'Analyse des Logiques Subjectives, méthode linguistique originale d'analyse de discours partant des métaphores courantes et de la psychanalyse.

Abstract : Blog about "Analysis of Subjective Logics ", an original linguistic approach in discourse analysis.


Mots-clé : linguistique, analyse de discours, métaphore, psychanalyse, Lacan, psychologie, psychologie sociale, psychose, paranoïa, schizophrénie, rhétorique, argumentation, épistémologie, poésie, littérature, Baudelaire, traduction, malentendu, expressions figées, Jean-Claude Milner, Albert Camus, Marie Cardinal, Amélie Nothomb, Georges Brassens, Henry Miller, Parménide, Cyrano de Bergerac, Aragon, Nietzsche, hystérie, obsession, phobie, angoisse, inconscient, rêve, rébus, subjiciel

Keywords : linguistics, "discourse analysis", metaphor, psychoanalysis, Lacan, psychology, social psychology, psychosis, paranoia, schizophrenia, rhetorics, argumentation, epistemology, poetry, litterature, Baudelaire, translation, misunderstanding, frozen expressions, Jean-Claude Milner, Albert Camus, Marie Cardinal, Amélie Nothomb, Georges Brassens, Henry Miller, Parménide, Cyrano de Bergerac, Aragon, Nietzsche,
hysteria, fixed idea, phobia, anxiety, the unconscious, dream, rebus, subjiciel

Schlüsselwörter : Linguistik, Redeanalyse, Metapher, Psychoanalyse, Lacan, Psychologie, soziale Psychologie, Psychose, Paranoia, Schizophrenie, Rhetorik, Argumentation, Epistemologie, Poesie, Literatur, Baudelaire, Übersetzung, Mißverständnis, starre Ausdrücke, Jean- Claude Milner, Albert Camus, Marie Cardinal, Amélie Nothomb, Georges Brassens, Henry Miller, Parménide, Cyrano de Bergerac, Aragon, Nietzsche, Hysterie, Zwangsvorstellung, Phobie, Angst, Unbewusstes, Traum, Rebus, subjiciel

Palavras-chaves : linguística, análise de discursos, metáfora, psicanálise, Lacan, psicologia, psicologia social, psicose, paranóia, esquizofrenia, retórica, argumentação, epistemologia, poesia, literatura, Baudelaire, tradução, equívoco, expressões bloqueadas, Jean- Claude Milner, Albert Camus, Marie Cardinal, Amélie Nothomb, Georges Brassens, Henry Miller, Parménide, Cyrano de Bergerac, Aragon, Nietzsche, histeria, idéia fixada, fobia, inquietude, o inconsciente, sonho, rébus, subjiciel

Palabras-clave : lingüistica, análisis de discurso, metáfora, psicoanálisis, Lacan, psicología, psicología social, psicosis, paranoïa, esquizofrenia, retórica, argumentación, epistemología, poesía, literatura, Baudelaire, traducción, malentendido, expresiones cuajadas, Jean-Claude Milner, Albert Camus, Marie Cardinal, Amélie Nothomb, Georges Brassens, Henry Miller, Parménide, Cyrano de Bergerac, Aragon, Nietzsche, histerismo, obsesión, fobia, angustia, inconsciente, sueño, jeroglífico, subjiciel

Parola-chiave : linguistica, analisi di discorso, metafora, psicanalisi, Lacan, psicologia, psicologia sociale, psicosi, paranoia, schizofrenia, retorica, argomentazione, epistemologia, poesia, letteratura, Baudelaire, traduzione, malinteso, espressioni idiomatiche, Jean-Claude Milner. , Albert Camus, Marie Cardinal, Amélie Nothomb, Georges Brassens, Henry Miller, Parménide, Cyrano de Bergerac, Aragon, Nietzsche,  isterismo, ossessione, fobia, angoscia, inconscio, sogno, rebus, subjiciel

 

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10 juin 2009 3 10 /06 /juin /2009 16:27

 

Ce texte inaugure une série de quatre exercices, dont l'intérêt est qu'il faut les comparer après analyse pour éviter une erreur grossière communément répandue, qui surgit en général de l'analyse des deux premiers, erreur dont la correction renvoie à une autre analyse sur ce blog ...

Pour commencer, comment analyseriez-vous par l'A.L.S. ce court extrait du texte de Luce IRIGARAY : "Quand nos lèvres se parlent" Cahiers du GRIF n°12 1976 p.26 ?


(Ce même auteur, une dizaine d'année plus tôt, écrivait dans les Cahiers pour l'Analyse un article intitulé "Communication linguistique et spéculaire", qui est, comme on le verra sur ce billet, une des sources d'inspiration de l'A.L.S.)
 

(...) Comment le dire ? Que tout de suite nous sommes femme. Que nous n'avons pas à être produite telle par eux, nommée telle par eux, sacrée et profanée telle par eux. Que cela est toujours déjà arrivé, sans leur travail. Et que leur(s) histoire(s) constitue le lieu de notre déportation. Ce n'est pas que nous ayons un territoire propre, mais leur patrie, famille, foyer, discours, nous emprisonnent dans des espaces clos où nous ne pouvons continuer à nous mouvoir. A nous vivre. Leurs propriétés, c'est notre exil. Leurs clôtures, la mort de notre amour. Leurs mots, le bâillon de nos lèvres. Comment parler pour sortir de leurs cloisonnements, quadrillages, distinctions, oppositions : vierge/déflorée, pure/impure, innocente/avertie ... Comment nous désenchaîner de ces termes, nous libérer de leurs catégories, nous dépouiller de leurs noms. Nous dégager, vivantes, de leurs conceptions ? Sans réserve, sans blanc immaculé qui soutienne le fonctionnement de leurs systèmes. Tu sais bien que nous ne sommes jamais finies, mais que nous ne nous embrassons que tout entières. Que les parties après parties — du corps, de l'espace, du temps interrompent le flux de notre sang. Nous paralysent, nous figent, nous immobilisent. Plus pâles. Presque froides.

(...) Si tu/je hésite à parler, n'est-ce pas que nous avons peur de ne pas bien dire ? Mais quoi serait bien ou mal ? A quoi nous conformerions-nous en parlant « bien » ? Quelle hiérarchie, subordination nous brimerait là ? Nous briserait là ? Quelle prétention à nous élever dans un discours plus valable ? L'érection, ce n'est pas notre affaire : nous sommes si bien dans la plage. Nous avons tant d'espaces à nous partager. L'horizon, pour nous, n'aura jamais fini de s'élargir, toujours ouvertes. Étendues, ne cessant jamais de nous déployer, nous avons tant à inventer de voix pour dire nous partout, y compris nos failles, que tout le temps n'y suffira pas. Nous n'aurons jamais accompli notre parcours, notre pourtour : nous avons tant de dimensions. Si tu veux parler « bien », tu te resserres, deviens plus étroite, en montant. T'étirant, tendue plus haute, tu t'éloignes de l'illimité de ton corps. Ne t'ériges pas, tu nous quittes. Le ciel n'est pas là-haut : il est entre nous.

   Même convention que d'habitude  (mots en italique: série A ; mots en gras : série B ; mots en italique gras : parler E
I ; mots soulignés: valeur + ; mots non soulignés : valeur ).

(...) Comment le dire ? Que tout de suite nous sommes femme. Que nous n'avons pas à être produite telle par eux, nommée telle par eux, sacrée et profanée telle par eux. Que cela est toujours déjà arrivé, sans leur travail. Et que leur(s) histoire(s) constitue le lieu de notre déportation. Ce n'est pas que nous ayons un territoire propre, mais leurs patrie, famille, foyer, discours, nous emprisonnent dans des espaces clos où nous ne pouvons continuer à nous mouvoir. A nous vivre. Leurs propriétés, c'est notre exil. Leurs clôtures, la mort de notre amour. Leurs mots, le bâillon de nos lèvres. Comment parler pour sortir de leurs cloisonnements, quadrillages, distinctions, oppositions : vierge / déflorée, pure / impure, innocente / avertie ... Comment nous désenchaîner de ces termes, nous libérer de leurs catégories, nous dépouiller de leurs noms. Nous dégager, vivantes, de leurs conceptions ? Sans réserve, sans blanc immaculé qui soutienne le fonctionnement de leurs systèmes. Tu sais bien que nous ne sommes jamais finies, mais que nous ne nous embrassons que tout entières. Que les parties après parties — du corps, de l'espace, du temps interrompent le flux de notre sang. Nous paralysent, nous figent, nous immobilisent. Plus pâles. Presque froides.

(...) Si tu/je hésite à parler, n'est-ce pas que nous avons peur de ne pas bien dire ? Mais quoi serait bien ou mal ? A quoi nous conformerions-nous en parlant « bien » ? Quelle hiérarchie, subordination nous brimerait là ? Nous briserait là ? Quelle prétention à nous élever dans un discours plus valable ? L'érection, ce n'est pas notre affaire : nous sommes si bien dans la plage. Nous avons tant d'espaces à nous partager. L'horizon, pour nous, n'aura jamais fini de s'élargir, toujours ouvertes. Étendues, ne cessant jamais de nous déployer, nous avons tant à inventer de voix pour dire nous partout, y compris nos failles, que tout le temps n'y suffira pas. Nous n'aurons jamais accompli notre parcours, notre pourtour : nous avons tant de dimensions. Si tu veux parler « bien », tu te resserres, deviens plus étroite, en montant. T'étirant, tendue plus haute, tu t'éloignes de l'illimité de ton corps. Ne t'ériges pas, tu nous quittes. Le ciel n'est pas là-haut : il est entre nous.


     Outre la notation des séries et des valeurs, nous allons considérer dans ce texte un certain nombre de verbes réfléchis, source d'information pertinente pour l'A.L.S.

 

     Tout verbe pronominal n'est pas réfléchi : se battre (l'un l'autre, mutuel). Seuls sont dits réfléchis les verbes où "se"est complément d'objet direct = accusatif, ou complément d'objet indirect = datif ; se parler (à soi-même). Les voici (ainsi que les tournures équivalentes) dans le texte d'Irigaray :

  • se mouvoir, se vivre, se désenchaîner, se libérer, se dépouiller, se dégager, se conformer, s'élever, s'élargir, se déployer, dire nous, se resserrer, s'étirer, s'éloigner, s'ériger

     Ces  verbes permettent, selon l'hypothèse majeure de l'A.L.S., de remonter depuis le texte de l'adulte jusqu'au dire parental sur l'enfant. En effet :

     « C'est le discours parental qui détermine, non de façon linéaire mais avec des transformations elles-mêmes « programmées », le discours fantasmatique de l'enfant, différemment selon qu'il est idéalisé ou rejeté (cas extrêmes). L'enfant, une fois identifié au texte du désir parental, qualifiera et traitera désormais tout objet (y compris lui-même et son parent) comme le parent l'a qualifié et a souhaité le traiter. [. .. ] Les verbes exprimant le souhait du parent pourront se retrouver dans le discours de l'enfant à la voix active, passive, ou pronominale.[ réfléchie ]».

     Les phrases avec verbes figurant dans le dire parental seront donc dans ce cas :
  • pour les verbes valorisés : je le meus, je le vis, je le désenchaîne, je le libère, je le dépouille, je le dégage, je l''élargir, je le déploie, je le dis (!? = je l'exprime ?)
  • pour les verbes dévalorisés : je ne le rends pas conforme, je ne le fais pas s'élever, je ne le resserre pas, je ne l''étire pas, je ne l''éloigne pas, je ne l''érige pas.

     Pour le diagnostic de point de vue, il y a, tant pour le vocabulaire standard que pour ces verbes réfléchis, une difficulté dans le dernier paragraphe du texte.
     En effet, alors que précédemment le point de vue EXTRAVERTI dominait presque constamment ("sortir de leurs cloisonnements, quadrillages, distinctions, oppositions", "nous désenchaîner de ces termes, nous libérer de leurs catégories, nous dépouiller de leurs noms. Nous dégager, vivantes, de leurs conceptions", etc.), on trouve à la fin de ce texte :

 
  • des mots A dévalorisés ("nous élever" "l'érection"", "en montant", "t'étirant", "plus haute", "tu t'éloignes"),
  • et une locution B valorisée ("entre nous") qui donne la clef de cette inversion de point de vue :

     Dans le paragraphe Passages d'un point de vue à l'autre : structurels, conjoncturels, l'A.L.S. mentionne des passages conjoncturels (« exceptions confirmant la règle ») « Chaque fois qu'un objet est idéalisé, il devient l'objet d'un commentaire I. Certains représentants du parler E → E idéalisent le groupe qu'ils forment. ».

      C'est le cas ici : le groupe des femmes étant idéalisé, l'"entre nous" s'en trouve valorisé, et "s'en éloigner" est négatif. D'autre part, les hommes étant désignés comme uniformément introvertis (mots B -), les termes associés ici à l'érection, à la verticalité, sont dévalorisés alors qu'ils devraient être valorisés dans le parler extraverti. Une opposition sémantique propre à ce seul texte se fait jour : l'extension verticale ("masculine") est dévalorisée, mais  l'extension horizontale ("féminine") est, elle, valorisée dans la logique habituelle du parler extraverti :

 
  • "nous sommes si bien dans la plage. Nous avons tant d'espaces à nous partager. L'horizon, pour nous, n'aura jamais fini de s'élargir, toujours ouvertes. Étendues, ne cessant jamais de nous déployer,"
Autre remarque :

La reformulation analysée dans ce billet peut s'observer non dans un dialogue, mais chez une seule et même personne, revêtant alors la forme rhétorique de l'autocorrection, voire de la rétractation. Exemple dans ce passage du texte :

« Comment le dire ? Que tout de suite nous sommes femme. Que nous n'avons pas à être produite telle par eux, nommée telle par eux, sacrée et profanée telle par eux. Que cela est toujours déjà arrivé, sans leur travail. Et que leur(s) histoire(s) constitue le lieu de notre déportation. Ce n'est pas que nous ayons un territoire propre, mais leurs patrie, famille, foyer, discours, nous emprisonnent dans des espaces clos où nous ne pouvons continuer à nous mouvoir. À nous vivre. Leurs propriétés, c'est notre exil. Leurs clôtures, la mort de notre amour. Leurs mots, le bâillon de nos lèvres. Comment parler pour sortir de leurs cloisonnements, quadrillages, distinctions, oppositions : vierge / déflorée, pure / impure, innocente / avertie ... Comment nous désenchaîner de ces termes, nous libérer de leurs catégories, nous dépouiller de leurs noms. Nous dégager, vivantes, de leurs conceptions ? Sans réserve, sans blanc immaculé qui soutienne le fonctionnement de leurs systèmes.

Dans cette envolée en langue « extravertie » apparaît un intrus : le mot déportation, mot de la série A ici fugacement dévalorisé, comme si l'auteur basculait brièvement dans le point de vue introverti. Elle se corrige aussitôt en démentant le présupposé inhérent au verbe déporter transporter une personne hors de son pays, de son milieu d'origine », CNRTL) : « Ce n'est pas que nous ayons un territoire propre », et, à la faveur d'un "mais" adressé à un virtuel contradicteur, elle réintègre prestement son dialecte extraverti, où l'on retrouve la dévalorisation des mots "B" tels que emprisonnent, clos, propriétés, clôtures, mort, bâillon, cloisonnements, quadrillages, distinctions, oppositions, termes, catégories, noms, réserve, blanc immaculé, systèmes, et la valorisation concomitante des mots "A" tels que mouvoir, vivre, sortir, désenchaîner, libérer, dépouiller, dégager, vivantes...

 

D'autres analyses d'extraits de poésie et littérature :

Application de l'A.L.S. au corpus des Fleurs du Mal de Ch. Baudelaire

Mallarmé mal aimé ?

La personnalité de Cyrano vue par l'A.L.S.

Un passage de "Cyrano de Bergerac", d'Edmond Rostand

La tirade des "Non merci !" de Cyrano de Bergerac

 

Un personnage de Thierry Bataille à "diagnostiquer"


Un personnage d'Albert Camus à "diagnostiquer"

Une citation d'Antonin Artaud


Un texte d'Hélène Cixous

Un "Manifeste" de Witold Gombrowicz

Un texte d'Henry de Montherlant

Baudelaire : Notes nouvelles sur Edgar Poe

Quelle est la "personnalité" de Du Bellay ?

De Du Bellay à Piaf : regretter ou non ?

L'avant-lire et les préfaces de "Le libertinage", d'Aragon

Une courte critique littéraire à analyser


Une chanson de Georges Brassens, "Le pornographe"

Passage extrait du livre de H. Miller "Le monde du sexe"

Application de l'A.L.S. à la traduction

 
[ A suivre ... ]
 
 
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Français
L'A.L.S. (Analyse des Logiques Subjectives) est une méthode d’analyse des mots (lexèmes) d’un texte parlé ou écrit, inspirée par la psychanalyse, qui permet, sans recourir au non-verbal (intonations, gestes, mimiques), d’avoir une idée de la personnalité de l’auteur et de ceux qu’il peut espérer persuader ou séduire.

English
A.L.S (
Analysis of Subjective Logics) is an analytical method concerned with the words (lexical items) of a spoken or written text. Drawing on psychoanalysis, it allows one, without resorting to the non-verbal (intonations, gestures, mimics, etc.), to get an idea of the personality of the author as well as of those one expects to persuade or to entice.

Deutsch
Die A.L.S (Analyse der Subjektiven Logiken) ist eine Untersuchungsmethode der Wörter (lexikalische Einheiten) eines gesprochenen oder geschriebenen Textes, mit einer Inspiration der Psychoanalyse, der erlaubt, ohne sich an das Nichtverbale (Intonationen, Bewegungen, Mimiken, u.s.w.) zu wenden, eine Idee der Personalität des Autors und derjenigen zu bekommen, die er zu überreden oder zu bezaubern hofft.

Português
A A.L.S. (
Análise das Lógicas Subjetivas) é um método de análise das palavras (unidades lexicais) de um texto falado ou escrito, inspirado pela psicanálise, que permite, sem recorrer ao não-verbal (intonações, gestos, mímicas, etc.), ter uma idéia da personalidade do autor e daqueles que ele pode esperar persuadir ou seduzir.

Español
El A.L.S. (Análisis de las Lógicas Subjectivas) es un método de análisis de las palabras (lexemas) de un texto hablado o escrito, inspirado por la psicoanálisis, que permite, sin recurrir al no verbal (intonaciones, gestos, mímicas), tener una idea de la personalidad del autor y de aquellos a los que puede esperar persuadir o seducir.

Italiano
L'A.L.S. (Analisi delle Logiche Soggettive, è un metodo di analisi delle parole ("lexèmes") di un testo parlato o scritto, ispirata per la psicanalisi, che permette, senza ricorrere al no-verbale (intonazioni, gesti, mimici), di avere un'idea della personalità dell'autore e di quelli che può sperare di persuadere o sedurre.

 

 
Résumé : Blog de diffusion de textes et de discussions autour de l'Analyse des Logiques Subjectives, méthode linguistique originale d'analyse de discours partant des métaphores courantes et de la psychanalyse.

Abstract : Blog about "Analysis of Subjective Logics ", an original linguistic approach in discourse analysis.


Mots-clé :
analyscience, linguistique, analyse de discours, métaphore, psychanalyse, Lacan, psychologie, psychologie sociale, psychose, paranoïa, schizophrénie, rhétorique, argumentation, épistémologie, poésie, littérature, Baudelaire, traduction, malentendu, expressions figées, Jean-Claude Milner, L’Œuvre claire, Albert Camus, Marie Cardinal, Amélie Nothomb, Georges Brassens, Henry Miller, Parménide, Cyrano de Bergerac, Aragon, Nietzsche, Luce Irigaray, Hélène Cixous, Deleuze, Guattari, hystérie, obsession, phobie, angoisse, inconscient, rêve, rébus, subjiciel

Keywords :
analyscience, linguistics, "discourse analysis", metaphor, psychoanalysis, Lacan, psychology, social psychology, psychosis, paranoia, schizophrenia, rhetorics, argumentation, epistemology, poetry, litterature, Baudelaire, translation, misunderstanding, frozen expressions, Jean-Claude Milner, L’Œuvre claire, Albert Camus, Marie Cardinal, Amélie Nothomb, Georges Brassens, Henry Miller, Parménide, Cyrano de Bergerac, Aragon, Nietzsche, Luce Irigaray, Hélène Cixous, Deleuze, Guattari, hysteria, fixed idea, phobia, anxiety, the unconscious, dream, rebus, subjiciel

Schlüsselwörter :
analyscience, Linguistik, Redeanalyse, Metapher, Psychoanalyse, Lacan, Psychologie, soziale Psychologie, Psychose, Paranoia, Schizophrenie, Rhetorik, Argumentation, Epistemologie, Poesie, Literatur, Baudelaire, Übersetzung, Mißverständnis, starre Ausdrücke, Jean- Claude Milner, L’Œuvre claire, Albert Camus, Marie Cardinal, Amélie Nothomb, Georges Brassens, Henry Miller, Parménide, Cyrano de Bergerac, Aragon, Nietzsche, Luce Irigaray, Hélène Cixous, Deleuze, Guattari, Hysterie, Zwangsvorstellung, Phobie, Angst, Unbewusstes, Traum, Rebus, Subjiciel

Palavras-chaves :
analyscience, linguística, análise de discursos, metáfora, psicanálise, Lacan, psicologia, psicologia social, psicose, paranóia, esquizofrenia, retórica, argumentação, epistemologia, poesia, literatura, Baudelaire, tradução, equívoco, expressões bloqueadas, Jean- Claude Milner, L’Œuvre claire, Albert Camus, Marie Cardinal, Amélie Nothomb, Georges Brassens, Henry Miller, Parménide, Cyrano de Bergerac, Aragon, Nietzsche, Luce Irigaray, Hélène Cixous, Deleuze, Guattari, histeria, idéia fixada, fobia, inquietude, inconsciente, sonho, rébus, subjiciel

Palabras-clave :
analyscience, lingüistica, análisis de discurso, metáfora, psicoanálisis, Lacan, psicología, psicología social, psicosis, paranoïa, esquizofrenia, retórica, argumentación, epistemología, poesía, literatura, Baudelaire, traducción, malentendido, expresiones cuajadas, Jean-Claude Milner, L’Œuvre claire, Albert Camus, Marie Cardinal, Amélie Nothomb, Georges Brassens, Henry Miller, Parménide, Cyrano de Bergerac, Aragon, Nietzsche, Luce Irigaray, Hélène Cixous, Deleuze, Guattari, histerismo, obsesión, fobia, angustia, inconsciente, sueño, jeroglífico, subjiciel

Parola-chiave :
analyscience, linguistica, analisi di discorso, metafora, psicanalisi, Lacan, psicologia, psicologia sociale, psicosi, paranoia, schizofrenia, retorica, argomentazione, epistemologia, poesia, letteratura, Baudelaire, traduzione, malinteso, espressioni idiomatiche, Jean-Claude Milner, L’Œuvre claire, Albert Camus, Marie Cardinal, Amélie Nothomb, Georges Brassens, Henry Miller, Parménide, Cyrano de Bergerac, Aragon, Nietzsche, Luce Irigaray, Hélène Cixous, Deleuze, Guattari, isterismo, ossessione, fobia, angoscia, inconscio, sogno, rebus, subjiciel
 
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Français
L'A.L.S. (Analyse des Logiques Subjectives) est une méthode d’analyse des mots (lexèmes) d’un texte parlé ou écrit, inspirée par la psychanalyse, qui permet, sans recourir au non-verbal (intonations, gestes, mimiques), d’avoir une idée de la personnalité de l’auteur et de ceux qu’il peut espérer persuader ou séduire.

English
A.L.S (Analysis of Subjective Logics) is an analytical method concerned with the words (lexical items) of a spoken or written text. Drawing on psychoanalysis, it allows one, without resorting to the non-verbal (intonations, gestures, mimics, etc.), to get an idea of the personality of the author as well as of those one expects to persuade or to entice.

Deutsch
Die A.L.S (Analyse der Subjektiven Logiken) ist eine Untersuchungsmethode der Wörter (lexikalische Einheiten) eines gesprochenen oder geschriebenen Textes, mit einer Inspiration der Psychoanalyse, der erlaubt, ohne sich an das Nichtverbale (Intonationen, Bewegungen, Mimiken, u.s.w.) zu wenden, eine Idee der Personalität des Autors und derjenigen zu bekommen, die er zu überreden oder zu bezaubern hofft.

Português
A A.L.S. (Análise das Lógicas Subjetivas) é um método de análise das palavras (unidades lexicais) de um texto falado ou escrito, inspirado pela psicanálise, que permite, sem recorrer ao não-verbal (intonações, gestos, mímicas, etc.), ter uma idéia da personalidade do autor e daqueles que ele pode esperar persuadir ou seduzir.

Español
El A.L.S. (Análisis de las Lógicas Subjectivas) es un método de análisis de las palabras (lexemas) de un texto hablado o escrito, inspirado por la psicoanálisis, que permite, sin recurrir al no verbal (intonaciones, gestos, mímicas), tener una idea de la personalidad del autor y de aquellos a los que puede esperar persuadir o seducir.

Italiano
L'A.L.S. (Analisi delle Logiche Soggettive, è un metodo di analisi delle parole ("lexèmes") di un testo parlato o scritto, ispirata per la psicanalisi, che permette, senza ricorrere al no-verbale (intonazioni, gesti, mimici), di avere un'idea della personalità dell'autore e di quelli che può sperare di persuadere o sedurre.

 

 
Résumé : Blog de diffusion de textes et de discussions autour de l'Analyse des Logiques Subjectives, méthode linguistique originale d'analyse de discours partant des métaphores courantes et de la psychanalyse.

Abstract : Blog about "Analysis of Subjective Logics ", an original linguistic approach in discourse analysis.


Mots-clé :
analyscience, linguistique, analyse de discours, métaphore, psychanalyse, Lacan, psychologie, psychologie sociale, psychose, paranoïa, schizophrénie, rhétorique, argumentation, épistémologie, poésie, littérature, Baudelaire, traduction, malentendu, expressions figées, Jean-Claude Milner, L’Œuvre claire, Albert Camus, Marie Cardinal, Amélie Nothomb, Georges Brassens, Henry Miller, Parménide, Cyrano de Bergerac, Aragon, Nietzsche, Luce Irigaray, Hélène Cixous, Deleuze, Guattari, hystérie, obsession, phobie, angoisse, inconscient, rêve, rébus, subjiciel

Keywords :
analyscience, linguistics, "discourse analysis", metaphor, psychoanalysis, Lacan, psychology, social psychology, psychosis, paranoia, schizophrenia, rhetorics, argumentation, epistemology, poetry, litterature, Baudelaire, translation, misunderstanding, frozen expressions, Jean-Claude Milner, L’Œuvre claire, Albert Camus, Marie Cardinal, Amélie Nothomb, Georges Brassens, Henry Miller, Parménide, Cyrano de Bergerac, Aragon, Nietzsche, Luce Irigaray, Hélène Cixous, Deleuze, Guattari, hysteria, fixed idea, phobia, anxiety, the unconscious, dream, rebus, subjiciel

Schlüsselwörter :
analyscience, Linguistik, Redeanalyse, Metapher, Psychoanalyse, Lacan, Psychologie, soziale Psychologie, Psychose, Paranoia, Schizophrenie, Rhetorik, Argumentation, Epistemologie, Poesie, Literatur, Baudelaire, Übersetzung, Mißverständnis, starre Ausdrücke, Jean- Claude Milner, L’Œuvre claire, Albert Camus, Marie Cardinal, Amélie Nothomb, Georges Brassens, Henry Miller, Parménide, Cyrano de Bergerac, Aragon, Nietzsche, Luce Irigaray, Hélène Cixous, Deleuze, Guattari, Hysterie, Zwangsvorstellung, Phobie, Angst, Unbewusstes, Traum, Rebus, Subjiciel

Palavras-chaves :
analyscience, linguística, análise de discursos, metáfora, psicanálise, Lacan, psicologia, psicologia social, psicose, paranóia, esquizofrenia, retórica, argumentação, epistemologia, poesia, literatura, Baudelaire, tradução, equívoco, expressões bloqueadas, Jean- Claude Milner, L’Œuvre claire, Albert Camus, Marie Cardinal, Amélie Nothomb, Georges Brassens, Henry Miller, Parménide, Cyrano de Bergerac, Aragon, Nietzsche, Luce Irigaray, Hélène Cixous, Deleuze, Guattari, histeria, idéia fixada, fobia, inquietude, inconsciente, sonho, rébus, subjiciel

Palabras-clave :
analyscience, lingüistica, análisis de discurso, metáfora, psicoanálisis, Lacan, psicología, psicología social, psicosis, paranoïa, esquizofrenia, retórica, argumentación, epistemología, poesía, literatura, Baudelaire, traducción, malentendido, expresiones cuajadas, Jean-Claude Milner, L’Œuvre claire, Albert Camus, Marie Cardinal, Amélie Nothomb, Georges Brassens, Henry Miller, Parménide, Cyrano de Bergerac, Aragon, Nietzsche, Luce Irigaray, Hélène Cixous, Deleuze, Guattari, histerismo, obsesión, fobia, angustia, inconsciente, sueño, jeroglífico, subjiciel

Parola-chiave :
analyscience, linguistica, analisi di discorso, metafora, psicanalisi, Lacan, psicologia, psicologia sociale, psicosi, paranoia, schizofrenia, retorica, argomentazione, epistemologia, poesia, letteratura, Baudelaire, traduzione, malinteso, espressioni idiomatiche, Jean-Claude Milner, L’Œuvre claire, Albert Camus, Marie Cardinal, Amélie Nothomb, Georges Brassens, Henry Miller, Parménide, Cyrano de Bergerac, Aragon, Nietzsche, Luce Irigaray, Hélène Cixous, Deleuze, Guattari, isterismo, ossessione, fobia, angoscia, inconscio, sogno, rebus, subjiciel
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8 juin 2009 1 08 /06 /juin /2009 08:45

   Ce court texte est extrait d'un magazine traitant de littérature.

Ma morale, c'est d'abord de protester au nom de mon humanité personnelle, d'exprimer ma révolte à coups d'ironie et de sarcasmes.

Je suis un humoriste, un plaisantin, je suis un acrobate et un provocateur, je suis cirque, poésie, horreur, bagarre, jeu, que voulez-vous de plus ?


   Même convention que d'habitude  (mots en italique: série A; mots en gras : série B ; mots soulignés: valeur + ; mots non soulignés : valeur -).


Ma morale, c'est d'abord de protester au nom de mon humanité personnelle, d'exprimer ma révolte à coups d'ironie et de sarcasmes.

Je suis un humoriste, un plaisantin, je suis un acrobate et un provocateur, je suis cirque, poésie, horreur, bagarre, jeu, que voulez-vous de plus ?



   À part le mot "morale", dont le contexte indique qu'il est pris ici dans un sens ironique (anti-morale plutôt que rigorisme traditionaliste), tous les mots pertinents sont A+, donc tous sont énoncés du point de vue extraverti. Sa biographie (cliquer sur le lien) confirme que Gombrowicz relève du parler extraverti (ex : "La publication des Mémoires du temps de l'Immaturité en 1933 puis de Ferdydurke en 1937 l'impose comme l'enfant terrible de la littérature moderne polonaise.").

D'autres analyses d'extraits de poésie et littérature :

Application de l'A.L.S. au corpus des Fleurs du Mal de Ch. Baudelaire

Mallarmé mal aimé ?

La personnalité de Cyrano vue par l'A.L.S.

Un passage de "Cyrano de Bergerac", d'Edmond Rostand

La tirade des "Non merci !" de Cyrano de Bergerac


Un personnage de Thierry Bataille à "diagnostiquer"


Un personnage d'Albert Camus à "diagnostiquer"

Une citation d'Antonin Artaud

Un texte d'Hélène Cixous


Un texte de Luce Irigaray

Un texte d'Henry de Montherlant

Baudelaire : Notes nouvelles sur Edgar Poe

Quelle est la "personnalité" de Du Bellay ?

De Du Bellay à Piaf : regretter ou non ?

L'avant-lire et les préfaces de "Le libertinage", d'Aragon

Une courte critique littéraire à analyser

Une chanson de Georges Brassens, "Le pornographe"


Passage extrait du livre de H. Miller "Le monde du sexe"

Application de l'A.L.S. à la traduction



A suivre ...



Merci de bien vouloir laisser un commentaire ci-dessous


Français

L'A.L.S. (Analyse des Logiques Subjectives) est une méthode d’analyse des mots (lexèmes) d’un texte parlé ou écrit, inspirée par la psychanalyse, qui permet, sans recourir au non-verbal (intonations, gestes, mimiques), d’avoir une idée de la personnalité de l’auteur et de ceux qu’il peut espérer persuader ou séduire.

English
A.L.S (Analysis of Subjective Logics) is an analytical method concerned with the words (lexical items) of a spoken or written text. Drawing on psychoanalysis, it allows one, without resorting to the non-verbal (intonations, gestures, mimics, etc.), to get an idea of the personality of the author as well as of those one expects to persuade or to entice.

Deutsch
Die A.L.S (Analyse der Subjektiven Logiken) ist eine Untersuchungsmethode der Wörter (lexikalische Einheiten) eines gesprochenen oder geschriebenen Textes, mit einer Inspiration der Psychoanalyse, der erlaubt, ohne sich an das Nichtverbale (Intonationen, Bewegungen, Mimiken, u.s.w.) zu wenden, eine Idee der Personalität des Autors und derjenigen zu bekommen, die er zu überreden oder zu bezaubern hofft.

Português
A A.L.S. (Análise das Lógicas Subjetivas) é um método de análise das palavras (unidades lexicais) de um texto falado ou escrito, inspirado pela psicanálise, que permite, sem recorrer ao não-verbal (intonações, gestos, mímicas, etc.), ter uma idéia da personalidade do autor e daqueles que ele pode esperar persuadir ou seduzir.

Español
El A.L.S. (Análisis de las Lógicas Subjectivas) es un método de análisis de las palabras (lexemas) de un texto hablado o escrito, inspirado por la psicoanálisis, que permite, sin recurrir al no verbal (intonaciones, gestos, mímicas), tener una idea de la personalidad del autor y de aquellos a los que puede esperar persuadir o seducir.

Italiano
L'A.L.S. (Analisi delle Logiche Soggettive, è un metodo di analisi delle parole ("lexèmes") di un testo parlato o scritto, ispirata per la psicanalisi, che permette, senza ricorrere al no-verbale (intonazioni, gesti, mimici), di avere un'idea della personalità dell'autore e di quelli che può sperare di persuadere o sedurre.


Résumé : Blog de diffusion de textes et de discussions autour de l'Analyse des Logiques Subjectives, méthode linguistique originale d'analyse de discours partant des métaphores courantes et de la psychanalyse.

Abstract : Blog about "Analysis of Subjective Logics ", an original linguistic approach in discourse analysis.


Mots-clé : linguistique, analyse de discours, métaphore, psychanalyse, Lacan, psychologie, psychologie sociale, psychose, paranoïa, schizophrénie, rhétorique, argumentation, épistémologie, poésie, littérature, Baudelaire, traduction, malentendu, expressions figées, Jean-Claude Milner, Albert Camus, Marie Cardinal, Amélie Nothomb, Georges Brassens, Henry Miller, Parménide, Cyrano de Bergerac, Aragon, Nietzsche, hystérie, obsession, phobie, angoisse, inconscient, rêve, rébus, subjiciel

Keywords : linguistics, "discourse analysis", metaphor, psychoanalysis, Lacan, psychology, social psychology, psychosis, paranoia, schizophrenia, rhetorics, argumentation, epistemology, poetry, litterature, Baudelaire, translation, misunderstanding, frozen expressions, Jean-Claude Milner, Albert Camus, Marie Cardinal, Amélie Nothomb, Georges Brassens, Henry Miller, Parménide, Cyrano de Bergerac, Aragon, Nietzsche,
hysteria, fixed idea, phobia, anxiety, the unconscious, dream, rebus, subjiciel

Schlüsselwörter : Linguistik, Redeanalyse, Metapher, Psychoanalyse, Lacan, Psychologie, soziale Psychologie, Psychose, Paranoia, Schizophrenie, Rhetorik, Argumentation, Epistemologie, Poesie, Literatur, Baudelaire, Übersetzung, Mißverständnis, starre Ausdrücke, Jean- Claude Milner, Albert Camus, Marie Cardinal, Amélie Nothomb, Georges Brassens, Henry Miller, Parménide, Cyrano de Bergerac, Aragon, Nietzsche, Hysterie, Zwangsvorstellung, Phobie, Angst, Unbewusstes, Traum, Rebus, subjiciel

Palavras-chaves : linguística, análise de discursos, metáfora, psicanálise, Lacan, psicologia, psicologia social, psicose, paranóia, esquizofrenia, retórica, argumentação, epistemologia, poesia, literatura, Baudelaire, tradução, equívoco, expressões bloqueadas, Jean- Claude Milner, Albert Camus, Marie Cardinal, Amélie Nothomb, Georges Brassens, Henry Miller, Parménide, Cyrano de Bergerac, Aragon, Nietzsche, histeria, idéia fixada, fobia, inquietude, o inconsciente, sonho, rébus, subjiciel

Palabras-clave : lingüistica, análisis de discurso, metáfora, psicoanálisis, Lacan, psicología, psicología social, psicosis, paranoïa, esquizofrenia, retórica, argumentación, epistemología, poesía, literatura, Baudelaire, traducción, malentendido, expresiones cuajadas, Jean-Claude Milner, Albert Camus, Marie Cardinal, Amélie Nothomb, Georges Brassens, Henry Miller, Parménide, Cyrano de Bergerac, Aragon, Nietzsche, histerismo, obsesión, fobia, angustia, inconsciente, sueño, jeroglífico, subjiciel

Parola-chiave : linguistica, analisi di discorso, metafora, psicanalisi, Lacan, psicologia, psicologia sociale, psicosi, paranoia, schizofrenia, retorica, argomentazione, epistemologia, poesia, letteratura, Baudelaire, traduzione, malinteso, espressioni idiomatiche, Jean-Claude Milner. , Albert Camus, Marie Cardinal, Amélie Nothomb, Georges Brassens, Henry Miller, Parménide, Cyrano de Bergerac, Aragon, Nietzsche,  isterismo, ossessione, fobia, angoscia, inconscio, sogno, rebus, subjiciel
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18 avril 2009 6 18 /04 /avril /2009 21:50
      Comment, à l'aide de l'A.L.S., analyseriez-vous ce passage de Montherlant (Aux fontaines du désir, 1927) ? Pour gagner du temps, les séries sont déjà notées (italique : série A, gras : série B), mais pas les valeurs.

    Je décide que les choses, quand elles ont fait leur temps, doivent disparaître pour être remplacées. Le créateur, ou la nature, ne fait rien d'autre avec les hommes. Ce feu dans mon jardin m'interdit de protester.

    Je m'attendais à de la mélancolie. Mais non : la sombre ivresse, en détruisant, de se dépouiller. Saisissant cette agréable porcelaine, je m'aperçois qu'elle est ébréchée et j'ai un mouvement de plaisir, car maintenant je suis fondé à la jeter. Ce plaisir est du même ordre que celui de l'athlète qui fait tomber sa graisse, de l'écrivain qui ramasse quinze lignes en cinq, de l'ascète qui renonce aux biens du monde. Mort à cette innombrable matière inutile : [ ... ] faux luxe, faux joli, faux confort, fausse utilité ! L'âme qui veut s'échapper bute contre elle, s'y empêtre, s'y remplit de poussière. Tout objet nous tient par une chaîne. Anéanti, c'est comme du lest qu'on jette : on est plus pur, plus léger, plus prêt à aller haut. Les deux tiers de ce que tu possèdes sont à donner, ou à détruire, ou à revendre. — « Mais avec quelle perte ! » Non, pas de perte. C'est ta liberté que tu auras payée. Et elle ne l'est jamais trop cher.

    Volupté du vide, dénuement de celui qui se tient toujours prêt à partir. Dans ce vide je mets l'avenir. En détruisant, je construis. La statue est créée par le marbre qu'on supprime. « je n'ai rien » : l'élan que donnent ces mots ! Il apparaît jusqu'à l'évidence que les philosophes et les ascètes faisaient précisément ce que font ceux qui se précipitent dans les fêtes : ils allaient vers ce qui était pour eux le bonheur. Quand on leur disait : « Votre vertu », ils auraient dû rectifier : « Mon goût ».

    Je ne veux autour de moi que des objets de première nécessité. Le foyer idéal, c'est celui dont, en voyage, si vous apprenez qu'il vient d'être pillé, incendié, qu'il n'en reste rien, vous rêvez un instant, vous vous dites « C'est dommage », puis vous pensez à autre chose. L'homme qui vit pour la poésie, pour le plaisir et pour la vie intérieure, c'est d'une cellule, ou d'une chambre nue comme il y en a dans certains hôpitaux, qu'il reçoit le maximum de contentement et d'excitation : les blancs jouent et gagnent. « Au comble de la puissance, le calife Omar dormait sur les marches de son palais parmi les vagabonds. » Ô mon calife, je te baise l'épaule !

 

Henry de Montherlant, Aux fontaines du désir, 1927,
in Essais, Bibliothèque de la Pléiade, Paris, 1963.

      Voici à présent les valeurs (souligné = valeur positive, non souligné = valeur négative) .

    Je décide que les choses, quand elles ont fait leur temps, doivent disparaître pour être remplacées. Le créateur, ou la nature, ne fait rien d'autre avec les hommes. Ce feu dans mon jardin m'interdit de protester.

    Je m'attendais à de la mélancolie. Mais non : la sombre ivresse, en détruisant, de se dépouiller. Saisissant cette agréable porcelaine, je m'aperçois qu'elle est ébréchée et j'ai un mouvement de plaisir, car maintenant je suis fondé à la jeter. Ce plaisir est du même ordre que celui de l'athlète qui fait tomber sa graisse, de l'écrivain qui ramasse quinze lignes en cinq, de l'ascète qui renonce aux biens du monde. Mort à cette innombrable matière inutile : [ ... ] faux luxe, faux joli, faux confort, fausse utilité ! L'âme qui veut s'échapper bute contre elle, s'y empêtre, s'y remplit de poussière. Tout objet nous tient par une chaîne. Anéanti, c'est comme du lest qu'on jette : on est plus pur, plus léger, plus prêt à aller haut. Les deux tiers de ce que tu possèdes sont à donner, ou à détruire, ou à revendre. — « Mais avec quelle perte ! » Non, pas de perte. C'est ta liberté que tu auras payée. Et elle ne l'est jamais trop cher.

    Volupté du vide, dénuement de celui qui se tient toujours prêt à partir. Dans ce vide je mets l'avenir. En détruisant, je construis. La statue est créée par le marbre qu'on supprime. « je n'ai rien » : l'élan que donnent ces mots ! Il apparaît jusqu'à l'évidence que les philosophes et les ascètes faisaient précisément ce que font ceux qui se précipitent dans les fêtes : ils allaient vers ce qui était pour eux le bonheur. Quand on leur disait : « Votre vertu », ils auraient dû rectifier : « Mon goût ».

    Je ne veux autour de moi que des objets de première nécessité. Le foyer idéal, c'est celui dont, en voyage, si vous apprenez qu'il vient d'être pillé, incendié, qu'il n'en reste rien, vous rêvez un instant, vous vous dites « C'est dommage », puis vous pensez à autre chose. L'homme qui vit pour la poésie, pour le plaisir et pour la vie intérieure, c'est d'une cellule, ou d'une chambre nue comme il y en a dans certains hôpitaux, qu'il reçoit le maximum de contentement et d'excitation : les blancs jouent et gagnent. « Au comble de la puissance, le calife Omar dormait sur les marches de son palais parmi les vagabonds. » Ô mon calife, je te baise l'épaule !


[ A suivre pour la réponse ]


Ce texte révèle chez Montherlant un point de vue globalement extraverti, avec quelques nuances cependant.

Le créateur, ou la nature, dont Montherlant prend ici la place ("je décide"), sont superposables au parent rejetant dont on peut reconstituer 1) le jugement sur l'enfant mal aimé :

 —  Il a fait son temps, il doit disparaître pour être remplacé

 —  L'âme qui veut s'échapper bute contre lui, s'y empêtre, s'y remplit de poussière. Tout objet nous tient par une chaîne. On s'en trouve anéanti

et 2) les actions envisagées pour s'en débarrasser
  (comparer avec la mère de Marie Cardinal) :
—  le détruire, le dépouiller, ce qui provoque une sombre ivresse

—  le jeter, ce qui suscite un mouvement de plaisir
. Ce plaisir est du même ordre que celui de l'athlète qui fait tomber sa graisse, de l'écrivain qui ramasse quinze lignes en cinq, de l'ascète qui renonce aux biens du monde.

 —  Mort à cette matière inutile. C'est comme du lest qu'on jette : on est plus pur, plus léger, plus prêt à aller haut.

—  Ce que je possède est à donner, ou à détruire, ou à revendre. Pas de perte. C'est ma liberté que j'aurai payée. Et elle ne l'est jamais trop cher.

—   Volupté de faire le vide, dénuement de celui qui se tient toujours prêt à faire partir (l'enfant mal aimé). Dans ce vide je mets l'avenir.

—  En détruisant, je construis. La statue est créée par le marbre qu'on supprime. « je n'ai rien » : l'élan que donnent ces mots !

—  L'enfant idéal, c'est celui dont, en voyage, si vous apprenez qu'il vient d'être pillé, incendié, qu'il n'en reste rien, vous rêvez un instant, vous vous dites « C'est dommage », puis vous pensez à autre chose.

Les nuances à présent :

—  Les scrupules que manifeste Montherlant à se débarrasser d'un objet dont d'autres pourraient témoigner qu'il a encore de la valeur :  "Saisissant cette agréable porcelaine, je m'aperçois qu'elle est ébréchée et j'ai un mouvement de plaisir, car maintenant je suis fondé à la jeter." Ils répondent en négatif à l'argumentaire du sujet surprotégé par son parent et qui va de ce fait s'évertuer à trouver une valeur d'usage ("despotisme de l'utile") à un objet qui soit en est d'emblée totalement dénué, soit l'a perdue péarce qu'il est brisé, incomplet ou ne fonctionne plus.

—  L'alibi trouvé dans la volonté divine ou la nécessité naturelle (cf Henry Miller et Georges Bataille : "
Le créateur, ou la nature, ne fait rien d'autre avec les hommes. Ce feu dans mon jardin m'interdit de protester."

—  Restent à commenter les passages suivants :

   "Il apparaît jusqu'à l'évidence que les philosophes et les ascètes faisaient précisément ce que font ceux qui se précipitent dans les fêtes : ils allaient vers ce qui était pour eux le bonheur. Quand on leur disait : « Votre vertu », ils auraient dû rectifier : « Mon goût »."

    "L'homme qui vit pour la poésie, pour le plaisir et pour la vie intérieure, c'est d'une cellule, ou d'une chambre nue comme il y en a dans certains hôpitaux, qu'il reçoit le maximum de contentement et d'excitation : les blancs jouent et gagnent. « Au comble de la puissance, le calife Omar dormait sur les marches de son palais parmi les vagabonds. » Ô mon calife, je te baise l'épaule !
"

D'autres analyses d'extraits de poésie et littérature :

Application de l'A.L.S. au corpus des Fleurs du Mal de Ch. Baudelaire

Mallarmé mal aimé ?

La personnalité de Cyrano vue par l'A.L.S.



Un passage de "Cyrano de Bergerac", d'Edmond Rostand



La tirade des "Non merci !" de Cyrano de Bergerac


Un personnage de Thierry Bataille à "diagnostiquer"


Un personnage d'Albert Camus à "diagnostiquer"

Une citation d'Antonin Artaud

Un texte d'Hélène Cixous


Un texte de Luce Irigaray

Un "Manifeste" de Witold Gombrowicz

Baudelaire : Notes nouvelles sur Edgar Poe

Quelle est la "personnalité" de Du Bellay ?

De Du Bellay à Piaf : regretter ou non ?

L'avant-lire et les préfaces de "Le libertinage", d'Aragon

Une courte critique littéraire à analyser

Une chanson de Georges Brassens, "Le pornographe"


Passage extrait du livre de H. Miller "Le monde du sexe"

Application de l'A.L.S. à la traduction




A suivre ...



Merci de bien vouloir laisser un commentaire ci-dessous


Français

L'A.L.S. (Analyse des Logiques Subjectives) est une méthode d’analyse des mots (lexèmes) d’un texte parlé ou écrit, inspirée par la psychanalyse, qui permet, sans recourir au non-verbal (intonations, gestes, mimiques), d’avoir une idée de la personnalité de l’auteur et de ceux qu’il peut espérer persuader ou séduire.

English
A.L.S (Analysis of Subjective Logics) is an analytical method concerned with the words (lexical items) of a spoken or written text. Drawing on psychoanalysis, it allows one, without resorting to the non-verbal (intonations, gestures, mimics, etc.), to get an idea of the personality of the author as well as of those one expects to persuade or to entice.

Deutsch
Die A.L.S (Analyse der Subjektiven Logiken) ist eine Untersuchungsmethode der Wörter (lexikalische Einheiten) eines gesprochenen oder geschriebenen Textes, mit einer Inspiration der Psychoanalyse, der erlaubt, ohne sich an das Nichtverbale (Intonationen, Bewegungen, Mimiken, u.s.w.) zu wenden, eine Idee der Personalität des Autors und derjenigen zu bekommen, die er zu überreden oder zu bezaubern hofft.

Português
A A.L.S. (Análise das Lógicas Subjetivas) é um método de análise das palavras (unidades lexicais) de um texto falado ou escrito, inspirado pela psicanálise, que permite, sem recorrer ao não-verbal (intonações, gestos, mímicas, etc.), ter uma idéia da personalidade do autor e daqueles que ele pode esperar persuadir ou seduzir.

Español
El A.L.S. (Análisis de las Lógicas Subjectivas) es un método de análisis de las palabras (lexemas) de un texto hablado o escrito, inspirado por la psicoanálisis, que permite, sin recurrir al no verbal (intonaciones, gestos, mímicas), tener una idea de la personalidad del autor y de aquellos a los que puede esperar persuadir o seducir.

Italiano
L'A.L.S. (Analisi delle Logiche Soggettive, è un metodo di analisi delle parole ("lexèmes") di un testo parlato o scritto, ispirata per la psicanalisi, che permette, senza ricorrere al no-verbale (intonazioni, gesti, mimici), di avere un'idea della personalità dell'autore e di quelli che può sperare di persuadere o sedurre.


Résumé : Blog de diffusion de textes et de discussions autour de l'Analyse des Logiques Subjectives, méthode linguistique originale d'analyse de discours partant des métaphores courantes et de la psychanalyse.

Abstract : Blog about "Analysis of Subjective Logics ", an original linguistic approach in discourse analysis.


Mots-clé : linguistique, analyse de discours, métaphore, psychanalyse, Lacan, psychologie, psychologie sociale, psychose, paranoïa, schizophrénie, rhétorique, argumentation, épistémologie, poésie, littérature, Baudelaire, traduction, malentendu, expressions figées, Jean-Claude Milner, Albert Camus, Marie Cardinal, Amélie Nothomb, Georges Brassens, Henry Miller, Parménide, Cyrano de Bergerac, Aragon, Nietzsche, hystérie, obsession, phobie, angoisse, inconscient, rêve, rébus, subjiciel

Keywords : linguistics, "discourse analysis", metaphor, psychoanalysis, Lacan, psychology, social psychology, psychosis, paranoia, schizophrenia, rhetorics, argumentation, epistemology, poetry, litterature, Baudelaire, translation, misunderstanding, frozen expressions, Jean-Claude Milner, Albert Camus, Marie Cardinal, Amélie Nothomb, Georges Brassens, Henry Miller, Parménide, Cyrano de Bergerac, Aragon, Nietzsche,
hysteria, fixed idea, phobia, anxiety, the unconscious, dream, rebus, subjiciel

Schlüsselwörter : Linguistik, Redeanalyse, Metapher, Psychoanalyse, Lacan, Psychologie, soziale Psychologie, Psychose, Paranoia, Schizophrenie, Rhetorik, Argumentation, Epistemologie, Poesie, Literatur, Baudelaire, Übersetzung, Mißverständnis, starre Ausdrücke, Jean- Claude Milner, Albert Camus, Marie Cardinal, Amélie Nothomb, Georges Brassens, Henry Miller, Parménide, Cyrano de Bergerac, Aragon, Nietzsche, Hysterie, Zwangsvorstellung, Phobie, Angst, Unbewusstes, Traum, Rebus, subjiciel

Palavras-chaves : linguística, análise de discursos, metáfora, psicanálise, Lacan, psicologia, psicologia social, psicose, paranóia, esquizofrenia, retórica, argumentação, epistemologia, poesia, literatura, Baudelaire, tradução, equívoco, expressões bloqueadas, Jean- Claude Milner, Albert Camus, Marie Cardinal, Amélie Nothomb, Georges Brassens, Henry Miller, Parménide, Cyrano de Bergerac, Aragon, Nietzsche, histeria, idéia fixada, fobia, inquietude, o inconsciente, sonho, rébus, subjiciel

Palabras-clave : lingüistica, análisis de discurso, metáfora, psicoanálisis, Lacan, psicología, psicología social, psicosis, paranoïa, esquizofrenia, retórica, argumentación, epistemología, poesía, literatura, Baudelaire, traducción, malentendido, expresiones cuajadas, Jean-Claude Milner, Albert Camus, Marie Cardinal, Amélie Nothomb, Georges Brassens, Henry Miller, Parménide, Cyrano de Bergerac, Aragon, Nietzsche, histerismo, obsesión, fobia, angustia, inconsciente, sueño, jeroglífico, subjiciel

Parola-chiave : linguistica, analisi di discorso, metafora, psicanalisi, Lacan, psicologia, psicologia sociale, psicosi, paranoia, schizofrenia, retorica, argomentazione, epistemologia, poesia, letteratura, Baudelaire, traduzione, malinteso, espressioni idiomatiche, Jean-Claude Milner. , Albert Camus, Marie Cardinal, Amélie Nothomb, Georges Brassens, Henry Miller, Parménide, Cyrano de Bergerac, Aragon, Nietzsche,  isterismo, ossessione, fobia, angoscia, inconscio, sogno, rebus, subjiciel



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21 novembre 2008 5 21 /11 /novembre /2008 17:48

cyrano_sorano.jpg  
 

(A lire également par tous les amateurs de la pièce de Rostand :


La personnalité de Cyrano vue par l'A.L.S. Cliquer sur le lien)


et, le héros Cyrano sortant évidemment des sentiers battus, on lira

avec intérêt et par contraste cet article sur l'épithète "normal" :


Le mot "normal" est-il polysémique pour l'A.L.S. ?


      Voici un autre exercice sur Cyrano : il s'agit, à l'aide de l'A.L.S., d'analyser ce passage de la pièce d'Edmond Rostand "Cyrano de Bergerac" (Acte I, scène VII).

      L'A.L.S. est une méthode d’analyse des mots (lexèmes) d’un texte parlé ou écrit, inspirée par la psychanalyse, qui permet, sans recourir à la communication non verbale, d’avoir une idée de la personnalité de l’auteur et de ceux qu’il peut espérer persuader ou séduire. N’analyser que les mots permet d'utiliser des textes anonymes ou signés dont les effets se font sentir sur le lecteur (sympathie, antipathie, indifférence) même s’il ne connaît pas l’auteur (qui peut être à distance dans le temps et/ou l’espace). 

      Attention, il y a de nombreux pièges. Le mieux est de procéder avec méthode, en trouvant pour chaque mot du vocabulaire pertinent (lire dans ce billet : lexique pertinent pour l'A.L.S.) la série et la valeur, ce qui permet de diagnostiquer les différents "points de vue" du passage. Ce sera une autre affaire que d'en rendre compte . . .

     Ci-dessous, les mots de la série "A" en italique et les "B" en gras.

 

     Conventions particulières ici :

      - les mots en italique gras ne sont pas comme à l'accoutumée des mots "mixtes" (mélange de traits A et traits B), mais des mots exprimant un certain processus, que les lecteurs de l'article résumé dans Wikipedia
devraient pouvoir identifier rapidement . . .

      - les mots soulignés sont valorisés, les mots non soulignés sont dévalorisés.

 

     Attention à l'attribution des "valeurs" ! Bonne recherche . . .

 

LE BRET


Si tu laissais un peu ton âme mousquetaire,
La fortune et la gloire...


CYRANO


Et que faudrait-il faire ?
Chercher un protecteur puissant, prendre un patron,
Et comme un lierre obscur qui circonvient un tronc
Et s'en fait un tuteur en lui léchant l'écorce,
Grimper par ruse au lieu de s'élever par force ?
Non, merci ! Dédier, comme tous ils le font,
Des vers aux financiers ? se changer en bouffon
Dans l'espoir vil de voir, aux lèvres d'un ministre,
Naître un sourire, enfin, qui ne soit pas sinistre ?
Non, merci ! Déjeuner, chaque jour, d'un crapaud ?
Avoir un ventre usé par la marche ? une peau
Qui plus vite, à l'endroit des genoux, devient sale ?
Exécuter des tours de souplesse dorsale ?...
Non, merci ! D'une main flatter la chèvre au cou
Cependant que, de l'autre, on arrose le chou,
Et donneur de séné par désir de rhubarbe,
Avoir son encensoir, toujours, dans quelque barbe ?
Non, merci ! Se pousser de giron en giron,
Devenir un petit grand homme dans un rond,
Et naviguer, avec des madrigaux pour rames,
Et dans ses voiles des soupirs de vieilles dames ?
Non, merci ! Chez le bon éditeur de Sercy
Faire éditer ses vers en payant ? Non, merci !
S'aller faire nommer pape par les conciles
Que dans des cabarets tiennent des imbéciles ?
Non, merci ! Travailler à se construire un nom
Sur un sonnet, au lieu d'en faire d'autres ? Non,
Merci ! Ne découvrir du talent qu'aux mazettes ?
Être terrorisé par de vagues gazettes,
Et se dire sans cesse : "Oh ! pourvu que je sois
Dans les petits papiers du Mercure François" ?...
Non, merci ! Calculer, avoir peur, être blême,
Préférer faire une visite qu'un poème,
Rédiger des placets, se faire présenter ?
Non, merci ! non, merci ! non, merci ! Mais... chanter,
Rêver, rire, passer, être seul, être libre,
Avoir l'œil qui regarde bien, la voix qui vibre,
Mettre, quand il vous plaît, son feutre de travers,
Pour un oui, pour un non, se battre, - ou faire un vers !
Travailler sans souci de gloire ou de fortune,
À tel voyage, auquel on pense, dans la lune !
N'écrire jamais rien qui de soi ne sortît,
Et modeste d'ailleurs, se dire : mon petit,
Sois satisfait des fleurs, des fruits, même des feuilles,
Si c'est dans ton jardin à toi que tu les cueilles !
Puis, s'il advient d'un peu triompher, par hasard,
Ne pas être obligé d'en rien rendre à César,
Vis-à-vis de soi-même en garder le mérite,
Bref, dédaignant d'être le lierre parasite,
Lors même qu'on n'est pas le chêne ou le tilleul,
Ne pas monter bien haut, peut-être, mais tout seul !


LE BRET


Tout seul, soit ! mais non pas contre tous ! Comment diable
As-tu donc contracté la manie effroyable
De te faire toujours, partout, des ennemis ?


CYRANO


À force de vous voir vous faire des amis,
Et rire à ces amis dont vous avez des foules,
D'une bouche empruntée au derrière des poules !
J'aime raréfier sur mes pas les saluts,
Et m'écrie avec joie : un ennemi de plus !



-  -  -  -  -  -  -  - 

 

(Ce "un ennemi de plus renvoie à un autre passage, analysé ici : 

Un passage de "Cyrano de Bergerac", d'Edmond Rostand )



Début du corrigé, le 4/2/2010 :

     Il y a dans cette tirade une intrication, plus délicate à démêler que celle du texte intitulé "Déplaire est mon plaisir. J'aime qu'on me haïsse", entre les points de vue extraverti (mots A valorisés ou mots B dévalorisés) et introverti (mots B valorisés ou mots A dévalorisés)

     Tout d'abord expliquons que les mots en italique gras ne sont pas comme à l'accoutumée des mots "mixtes" (mélange de traits A et traits B), mais des mots exprimant un certain processus, dans un parler dont nous pouvons à présent indiquer la nature. Il est décrit dans le billet Complément sur le "parler du progrès" ou "parler constructeur", dont la lecture complère est conseillée :

"
• Le parler E → I (« du progrès »), parler de la rédemption, du rachat, de la réparation, avec sa biographie en deux étapes (jeunesse "folle" et âge mûr "rangé"), semble résulter d'un jugement en deux temps du parent, qui rejette au début un enfant non conforme à son attente, puis « se fait une raison », s'en accommode, et remédie au « défaut » naturel par l'éducation, la « formation », la « construction de la personnalité de l'enfant ».

• La langue E → I" est celle qui dans la jeunesse valorise le  point de vue "extraverti", puis à l'âge mûr le point de vue "introverti".

• On trouve dans ce parler, au moment de la transition entre les points de vue E et I, des verbes de changement d'état : (se) calmer, (s')assagir, (s')endurcir, (se) ranger, (s')établir, décrivant le passage d'un adjectif A (fou, nomade) à un adjectif B (sage, sédentaire)."

C'est le parler des ambitieux, des arrivistes, visant la gloire et la fortune dont parle Le Bret, "travaillant à se construire un nom"  ("parler constructeur"), et que Cyrano critique tantôt depuis le point de vue extraverti,  tantôt depuis le point de vue introverti,

Critique extravertie : refus d'être protégé, d'avoir un tuteur, de lécher (expression bien connue !)

Chercher un protecteur puissant, prendre un patron,
Et comme un lierre obscur qui circonvient un tronc
Et s'en fait un tuteur en lui léchant l'écorce,

refus de courtiser les financiers et ministres (arrivistes déjà parvenus) en s'agenouillant, ce qui rend la peau des genoux sale.

refus de l'encensoir (adoration religieuse), des girons (seins maternels de substitution), du petit (grand homme) enfermé dans un rond ...

désir de chanter, rêver, rire, passer, être libre, que la voix vibre

(à compléter)

Critique  introvertie :

refus de la souplesse dorsale

désir d'être seul, modeste, de garder le mérite de ce qu'on a cueilli dans son jardin, de raréfier les saluts.

(à compléter)




 

[ À suivre, page en construction ]

 

 

 

D'autres analyses d'extraits de poésie et littérature :

 

Un passage de "Cyrano de Bergerac", d'Edmond Rostand

 

La personnalité de Cyrano vue par l'A.L.S. 

 
Application de l'A.L.S. au corpus des Fleurs du Mal de Ch. Baudelaire

Mallarmé mal aimé ?

 

Un personnage de Thierry Bataille à "diagnostiquer"


Un personnage d'Albert Camus à "diagnostiquer"

Une citation d'Antonin Artaud

Un texte d'Hélène Cixous


Un texte de Luce Irigaray

Un "Manifeste" de Witold Gombrowicz

Un texte d'Henry de Montherlant

Baudelaire : Notes nouvelles sur Edgar Poe

Quelle est la "personnalité" de Du Bellay ?

De Du Bellay à Piaf : regretter ou non ?

L'avant-lire et les préfaces de "Le libertinage", d'Aragon

Une courte critique littéraire à analyser

Une chanson de Georges Brassens, "Le pornographe"


Passage extrait du livre de H. Miller "Le monde du sexe"

Application de l'A.L.S. à la traduction


Merci de bien vouloir laisser un commentaire ci-dessous

 


Français

L'A.L.S. (Analyse des Logiques Subjectives) est une méthode d’analyse des mots (lexèmes) d’un texte parlé ou écrit, inspirée par la psychanalyse, qui permet, sans recourir au non-verbal (intonations, gestes, mimiques), d’avoir une idée de la personnalité de l’auteur et de ceux qu’il peut espérer persuader ou séduire.

English
A.L.S (Analysis of Subjective Logics) is an analytical method concerned with the words (lexical items) of a spoken or written text. Drawing on psychoanalysis, it allows one, without resorting to the non-verbal (intonations, gestures, mimics, etc.), to get an idea of the personality of the author as well as of those one expects to persuade or to entice.

Deutsch
Die A.L.S (Analyse der Subjektiven Logiken) ist eine Untersuchungsmethode der Wörter (lexikalische Einheiten) eines gesprochenen oder geschriebenen Textes, mit einer Inspiration der Psychoanalyse, der erlaubt, ohne sich an das Nichtverbale (Intonationen, Bewegungen, Mimiken, u.s.w.) zu wenden, eine Idee der Personalität des Autors und derjenigen zu bekommen, die er zu überreden oder zu bezaubern hofft.

Português
A A.L.S. (Análise das Lógicas Subjetivas) é um método de análise das palavras (unidades lexicais) de um texto falado ou escrito, inspirado pela psicanálise, que permite, sem recorrer ao não-verbal (intonações, gestos, mímicas, etc.), ter uma idéia da personalidade do autor e daqueles que ele pode esperar persuadir ou seduzir.

Español
El A.L.S. (Análisis de las Lógicas Subjectivas) es un método de análisis de las palabras (lexemas) de un texto hablado o escrito, inspirado por la psicoanálisis, que permite, sin recurrir al no verbal (intonaciones, gestos, mímicas), tener una idea de la personalidad del autor y de aquellos a los que puede esperar persuadir o seducir.

Italiano
L'A.L.S. (Analisi delle Logiche Soggettive, è un metodo di analisi delle parole ("lexèmes") di un testo parlato o scritto, ispirata per la psicanalisi, che permette, senza ricorrere al no-verbale (intonazioni, gesti, mimici), di avere un'idea della personalità dell'autore e di quelli che può sperare di persuadere o sedurre.



Résumé : Blog de diffusion de textes et de discussions autour de l'Analyse des Logiques Subjectives, méthode linguistique originale d'analyse de discours partant des métaphores courantes et de la psychanalyse.

Abstract : Blog about "Analysis of Subjective Logics ", an original linguistic approach in discourse analysis.


Mots-clé : analyscience, linguistique, analyse de discours, sémantique, microsémantique, microsémantique du fantasme, logique de la déraison, lexicologie, subjilecte, métaphore, paradiastole, oxymore, isotopie subjective, homonyme, homonymie, pseudosynonyme, pseudosynonymie, psychanalyse, Lacan, Réel Symbolique Imaginaire, psychologie, psychologie sociale, psychose, paranoïa, schizophrénie, rhétorique, argumentation, épistémologie, logique, logique libre, poésie, littérature, surréalisme, antiphilosophie, Charles Baudelaire, traduction, malentendu, dialogue de sourds, expressions figées, Jean-Jacques Pinto, Jean-Claude Milner, L’Œuvre claire, Albert Camus, Marie Cardinal, Amélie Nothomb, Georges Brassens, Henry Miller, Georges Bataille, Michel Leiris, Parménide, hystérie, obsession, phobie, angoisse, inconscient, formations de l'inconscient, rêve, rébus, lapsus, oubli, acte manqué, mot d'esprit, interprétation, Cyrano de Bergerac, Aragon, Nietzsche, Mallarmé, Schreber, subjiciel, points de vue, la subjectivité comme artifice, subjectivité, subjectivité artificielle, machina subjectiva, argot, Luce Irigaray, Hélène Cixous, Gilles Deleuze, Félix Guattari, Jean-François Lyotard, homéopsychie, propagande, propagande et psychanalyse, psychanalyse et propagande, neurosciences, neurosciences et psychanalyse, psychanalyse et neurosciences, approche logiciste, Jean-Claude Gardin, Jean Molino, cognisème, subjisème, prothèse psychique, identification cognitive, identification subjective, galiléisme, galiléisme étendu, science galiléenne

 


Keywords : analyscience, linguistics, "discourse analysis", metaphor, semantics, microsemantics, microsemantics of phantasy, logics of irrationality, lexicology, subjilecte, metaphor, paradiastole, subjective isotopy, homonym, homonymy, pseudo synonym, psychoanalysis, Lacan, Real Symbolic Imaginary, psychology, social psychology, psychosis, paranoia, schizophrenia, rhetorics, argumentation, epistemology, logics, free logics, poetry, litterature, surrealism, antiphilosophy, Baudelaire, translation, misunderstanding, frozen expressions, Jean-Jacques Pinto, Jean-Claude Milner, L’Œuvre claire, Albert Camus, Marie Cardinal, Amélie Nothomb, Georges Brassens, Henry Miller, Georges Bataille, Michel Leiris, Parménide, Montaigne, hysteria, fixed idea, phobia, anxiety, unconscious, dream, rebus, Cyrano de Bergerac, Aragon, Nietzsche, Mallarmé, Schreber, subjiciel, machina subjectiva, Luce Irigaray, Hélène Cixous, Gilles Deleuze, Félix Guattari, Jean-François Lyotard, propaganda, propaganda and psychoanalysis, psychoanalysis and propaganda, neurosciences, neurosciences and psychoanalysispsychoanalysis and neurosciences, logicist approach, Jean-Claude Gardin, cogniseme, subjiseme, galileism, extended galileism, extended galileanism, galilean science, cognitive identificationsubjective identification


Schlüsselwörter : Linguistik, Redeanalyse, Metapher, Psychoanalyse, Lacan, Psychologie, soziale Psychologie, Psychose, Paranoia, Schizophrenie, Rhetorik, Argumentation, Epistemologie, Poesie, Literatur, Baudelaire, Übersetzung, Mißverständnis, starre Ausdrücke, Jean- Claude Milner, Albert Camus, Marie Cardinal, Amélie Nothomb, Georges Brassens, Henry Miller, Parménide, Cyrano de Bergerac, Aragon, Nietzsche, Hysterie, Zwangsvorstellung, Phobie, Angst, Unbewusstes, Traum, Rebus, subjiciel

Palavras-chaves : linguística, análise de discursos, metáfora, psicanálise, Lacan, psicologia, psicologia social, psicose, paranóia, esquizofrenia, retórica, argumentação, epistemologia, poesia, literatura, Baudelaire, tradução, equívoco, expressões bloqueadas, Jean- Claude Milner, Albert Camus, Marie Cardinal, Amélie Nothomb, Georges Brassens, Henry Miller, Parménide, Cyrano de Bergerac, Aragon, Nietzsche, histeria, idéia fixada, fobia, inquietude, o inconsciente, sonho, rébus, subjiciel

Palabras-clave : lingüistica, análisis de discurso, metáfora, psicoanálisis, Lacan, psicología, psicología social, psicosis, paranoïa, esquizofrenia, retórica, argumentación, epistemología, poesía, literatura, Baudelaire, traducción, malentendido, expresiones cuajadas, Jean-Claude Milner, Albert Camus, Marie Cardinal, Amélie Nothomb, Georges Brassens, Henry Miller, Parménide, Cyrano de Bergerac, Aragon, Nietzsche, histerismo, obsesión, fobia, angustia, inconsciente, sueño, jeroglífico, subjiciel

Parola-chiave : linguistica, analisi di discorso, metafora, psicanalisi, Lacan, psicologia, psicologia sociale, psicosi, paranoia, schizofrenia, retorica, argomentazione, epistemologia, poesia, letteratura, Baudelaire, traduzione, malinteso, espressioni idiomatiche, Jean-Claude Milner. , Albert Camus, Marie Cardinal, Amélie Nothomb, Georges Brassens, Henry Miller, Parménide, Cyrano de Bergerac, Aragon, Nietzsche,  isterismo, ossessione, fobia, angoscia, inconscio, sogno, rebus, subjiciel

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21 novembre 2008 5 21 /11 /novembre /2008 16:59

 

        Sur le thème du voyage, analysez par l'A.L.S et comparez pour s'interroger sur la "personnalité" ou mieux le parler  de Du Bellay ces autres poèmes extraits du recueil Les Regrets . Attention, ce n'est pas toujours simple ! Les séries et valeurs sont déjà en partie indiquées (certains mots sont litigieux).

 

     Les solutions seront apportées au fur et à mesure.

 

 

Du Bellay, Les Regrets. Sonnet XXIX

 

Je hais plus que la mort un jeune casanier,
Qui ne sort jamais hors, sinon au jour de fête,
Et craignant plus le jour qu’une sauvage bête,
Se fait en sa maison lui même prisonnier.

Mais je ne puis aimer un vieillard voyager,
Qui court deçà delà, et jamais ne s’arrête,
Ains des pieds moins léger, que léger de la tête
Ne séjourne jamais non plus qu’un messager.

L’un sans se travailler en sûreté demeure,
L’autre qui n’a repos jusques à tant qu’il meure,
Traverse nuit et jour mille lieux dangereux.

L’un passe riche et sot heureusement sa vie,
L’autre plus souffreteux qu’un pauvre qui mendie,
S’acquiert en voyageant un savoir malheureux.

 

 

      Contrairement au Sonnet XXXI traité ici , Du Bellay alterne :

 

- la critique du profil Introverti : dévalorisation de casanier, maison, prisonnier, sûreté, demeurer, sot, valorisation de sortir, hors,jour de fête jour qu’une sauvage bête (notez la forme pronominale "Se fait lui-même prisonnier"),

 

- et la critique du profil Extraverti : dévalorisation de voyager, court, deçà delà, léger de la tête, messager, traverser, mille lieux, dangereux. voyager, valorisation de s’arrêter , séjourner, repos 

 

Il renvoie dos à dos ces deux extrêmes, ce qui semble le situer dans le parler Hésitant ou parler "I ou E"

 

Mais il y a aussi la piste du parler E -> I ou Constructeur avec la valorisation de se travailler et la dévalorisation de "s’acquiert en voyageant un savoir malheureux", voyage qui contraste avec le voyage réussi du premier quatrain du Sonnet XXXI (traité ici ).

 

 

Du Bellay, Les Regrets. Sonnet XXX

 

Quiconques (mon Bailleul) fait longuement séjour,
Sous un ciel inconnu, et quiconques endure
D’aller de port en port cherchant son aventure,
Et peut vivre étranger dessous un autre jour :

Qui peut mettre en oubli de ses parents l’amour,
L’amour de sa maîtresse, et l’amour que nature
Nous fait porter au lieu de notre nourriture,
Et voyage toujours sans penser au retour :

Il est fils d’un rocher, ou d’une ourse cruelle,
Et digne qui jadis ait sucé la mamelle
D’une tigre inhumaine. Encor ne voit-on point

Que les fiers animaux en leurs forts ne retournent,
Et ceux qui parmi nous domestiques séjournent,
Toujours de la maison le doux désir les poingt.

 

Ici la comparaison porte sur les deux types de voyage, que l'A.L.S. explique par l'existence des parlers E → E et EI :

 

le voyage-perdition, négation des valeurs, le voyage sans retour du parler E → E, que DuBellay rejette (dévalorisation des mots de la série A : aller de port en port, cherchant son aventure, étranger, autre jour, oubli,ourse cruelletigre inhumaine. Exception : rocher (allusion au "cœur de pierre") ,

 

- et le voyage  du parler E → I qui rapporte un gain, voyage où l'on fait le plein d'expérience et de sagesse, pour retourner aux valeurs premières : valorisation  des mots de la série B :  parents, amour, nature, nourriturepenser au retourretourner, domestiquesséjourner, maison, poingt.  Exception :  doux désir .

 

  Du Bellay adopte donc ici le point de vue du parler EI .

 

Du Bellay, Les Regrets. Sonnet XXXI

 

Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme cestuy là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d’usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !

Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison,
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m’est une province, et beaucoup davantage ?

Plus me plaît le séjour qu’ont bâti mes aïeux,
Que des palais romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l’ardoise
fine :

Plus mon Loire Gaulois, que le Tibre Latin,
Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
Et plus que l’air marin la douceur angevine.

 



Du Bellay, Les Regrets. Sonnet XXXII

 

Je me ferai savant en la philosophie,
En la mathématique, et médecine aussi,
Je me ferai légiste, et d’un plus haut souci
Apprendrai les secrets de la théologie :

Du luth et du pinceau j’ébatterai ma vie,
De l’escrime et du bal. Je discourais ainsi,
Et me vantais en moi d’apprendre tout ceci,
Quand je changeai la France au séjour d’Italie.

O beaux discours humains ! je suis venu si loin,
Pour m’enrichir d’ennui, de vieillesse, et de soin,
Et perdre en voyageant le meilleur de mon âge.

Ainsi le marinier souvent pour tout trésor
Rapporte des harengs en lieu de lingots d’or,
Ayant fait, comme moi, un malheureux voyage.

 

Du Bellay, Les Regrets. Sonnet XXXIX

 

J’aime la liberté, et languis en service,
Je n’aime point la cour, et me faut courtiser,
Je n’aime la feintise, et me faut déguiser,
J’aime simplicité, et n’apprends que malice :

Je n’adore les biens, et sers à l’avarice,
Je n’aime les honneurs, et me les faut priser,
Je veux garder ma foi, et me la faut briser,
Je cherche la vertu, et ne trouve que vice :

Je cherche le repos, et trouver ne le puis,
J’embrasse le plaisir, et n’éprouve qu’ennuis,
Je n’aime à discourir, en raison je me fonde :

J’ai le corps maladif, et me faut voyager,
Je suis né pour la Muse, on me fait ménager,
Ne suis-je pas (Morel) le plus chétif du monde ?

 

 

Bonne recherche !

 

 

D'autres analyses d'extraits de poésie et littérature :

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Quelle est la "personnalité" de Du Bellay ?

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Passage extrait du livre de H. Miller "Le monde du sexe"

Application de l'A.L.S. à la traduction

[ À suivre ]



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Français

L'A.L.S. (Analyse des Logiques Subjectives) est une méthode d’analyse des mots (lexèmes) d’un texte parlé ou écrit, inspirée par la psychanalyse, qui permet, sans recourir au non-verbal (intonations, gestes, mimiques), d’avoir une idée de la personnalité de l’auteur et de ceux qu’il peut espérer persuader ou séduire.

English
A.L.S (Analysis of Subjective Logics) is an analytical method concerned with the words (lexical items) of a spoken or written text. Drawing on psychoanalysis, it allows one, without resorting to the non-verbal (intonations, gestures, mimics, etc.), to get an idea of the personality of the author as well as of those one expects to persuade or to entice.

Deutsch
Die A.L.S (Analyse der Subjektiven Logiken) ist eine Untersuchungsmethode der Wörter (lexikalische Einheiten) eines gesprochenen oder geschriebenen Textes, mit einer Inspiration der Psychoanalyse, der erlaubt, ohne sich an das Nichtverbale (Intonationen, Bewegungen, Mimiken, u.s.w.) zu wenden, eine Idee der Personalität des Autors und derjenigen zu bekommen, die er zu überreden oder zu bezaubern hofft.

Português
A A.L.S. (Análise das Lógicas Subjetivas) é um método de análise das palavras (unidades lexicais) de um texto falado ou escrito, inspirado pela psicanálise, que permite, sem recorrer ao não-verbal (intonações, gestos, mímicas, etc.), ter uma idéia da personalidade do autor e daqueles que ele pode esperar persuadir ou seduzir.

Español
El A.L.S. (Análisis de las Lógicas Subjectivas) es un método de análisis de las palabras (lexemas) de un texto hablado o escrito, inspirado por la psicoanálisis, que permite, sin recurrir al no verbal (intonaciones, gestos, mímicas), tener una idea de la personalidad del autor y de aquellos a los que puede esperar persuadir o seducir.

Italiano
L'A.L.S. (Analisi delle Logiche Soggettive, è un metodo di analisi delle parole ("lexèmes") di un testo parlato o scritto, ispirata per la psicanalisi, che permette, senza ricorrere al no-verbale (intonazioni, gesti, mimici), di avere un'idea della personalità dell'autore e di quelli che può sperare di persuadere o sedurre.



Résumé : Blog de diffusion de textes et de discussions autour de l'Analyse des Logiques Subjectives, méthode linguistique originale d'analyse de discours partant des métaphores courantes et de la psychanalyse.

Abstract : Blog about "Analysis of Subjective Logics ", an original linguistic approach in discourse analysis.


Mots-clé : linguistique, analyse de discours, métaphore, psychanalyse, Lacan, psychologie, psychologie sociale, psychose, paranoïa, schizophrénie, rhétorique, argumentation, épistémologie, poésie, littérature, Baudelaire, traduction, malentendu, expressions figées, Jean-Claude Milner, Albert Camus, Marie Cardinal, Amélie Nothomb, Georges Brassens, Henry Miller, Parménide, Cyrano de Bergerac, Aragon, Nietzsche, hystérie, obsession, phobie, angoisse, inconscient, rêve, rébus, subjiciel

Keywords : linguistics, "discourse analysis", metaphor, psychoanalysis, Lacan, psychology, social psychology, psychosis, paranoia, schizophrenia, rhetorics, argumentation, epistemology, poetry, litterature, Baudelaire, translation, misunderstanding, frozen expressions, Jean-Claude Milner, Albert Camus, Marie Cardinal, Amélie Nothomb, Georges Brassens, Henry Miller, Parménide, Cyrano de Bergerac, Aragon, Nietzsche,
hysteria, fixed idea, phobia, anxiety, the unconscious, dream, rebus, subjiciel

Schlüsselwörter : Linguistik, Redeanalyse, Metapher, Psychoanalyse, Lacan, Psychologie, soziale Psychologie, Psychose, Paranoia, Schizophrenie, Rhetorik, Argumentation, Epistemologie, Poesie, Literatur, Baudelaire, Übersetzung, Mißverständnis, starre Ausdrücke, Jean- Claude Milner, Albert Camus, Marie Cardinal, Amélie Nothomb, Georges Brassens, Henry Miller, Parménide, Cyrano de Bergerac, Aragon, Nietzsche, Hysterie, Zwangsvorstellung, Phobie, Angst, Unbewusstes, Traum, Rebus, subjiciel

Palavras-chaves : linguística, análise de discursos, metáfora, psicanálise, Lacan, psicologia, psicologia social, psicose, paranóia, esquizofrenia, retórica, argumentação, epistemologia, poesia, literatura, Baudelaire, tradução, equívoco, expressões bloqueadas, Jean- Claude Milner, Albert Camus, Marie Cardinal, Amélie Nothomb, Georges Brassens, Henry Miller, Parménide, Cyrano de Bergerac, Aragon, Nietzsche, histeria, idéia fixada, fobia, inquietude, o inconsciente, sonho, rébus, subjiciel

Palabras-clave : lingüistica, análisis de discurso, metáfora, psicoanálisis, Lacan, psicología, psicología social, psicosis, paranoïa, esquizofrenia, retórica, argumentación, epistemología, poesía, literatura, Baudelaire, traducción, malentendido, expresiones cuajadas, Jean-Claude Milner, Albert Camus, Marie Cardinal, Amélie Nothomb, Georges Brassens, Henry Miller, Parménide, Cyrano de Bergerac, Aragon, Nietzsche, histerismo, obsesión, fobia, angustia, inconsciente, sueño, jeroglífico, subjiciel

Parola-chiave : linguistica, analisi di discorso, metafora, psicanalisi, Lacan, psicologia, psicologia sociale, psicosi, paranoia, schizofrenia, retorica, argomentazione, epistemologia, poesia, letteratura, Baudelaire, traduzione, malinteso, espressioni idiomatiche, Jean-Claude Milner. , Albert Camus, Marie Cardinal, Amélie Nothomb, Georges Brassens, Henry Miller, Parménide, Cyrano de Bergerac, Aragon, Nietzsche,  isterismo, ossessione, fobia, angoscia, inconscio, sogno, rebus, subjiciel

 

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11 novembre 2008 2 11 /11 /novembre /2008 09:25

 

Deux textes :  ressemblances et différences . . .

 

       Comment, à l'aide de l'A.L.S., analysez-vous le poème le plus célèbre de Du Bellay, Les Regrets. Sonnet XXXI ? Pour gagner du temps, les séries sont déjà notées (italique : série A, gras : série B, italique+gras : parcours E -> I), mais pas les valeurs.

      Voici le corrigé : les mots valorisés sont soulignés.


Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme cestuy là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d’usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !

Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison,
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m’est une province, et beaucoup davantage ?

Plus me plaît le séjour qu’ont bâti mes aïeux,
Que des palais romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l’ardoise
fine :

Plus mon Loire Gaulois, que le Tibre Latin,
Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
Et plus que l’air marin la douceur angevine.

 

Explications rapide sur les séries et valeurs :

Village est B car petit dans son opposition à Rome grand (dans "palais romains")
Maison est B car petit dans son opposition à palais grand
Province est A car grand dans son opposition à  clos petit
Loire est B car petit dans son opposition à  Tibre grand
idem pour Liré face à Palatin
Gaulois est B car connu, familier dans son opposition à  Latin inconu, étranger
idem pour angevine dans son opposition à romains.

Le deuxième quatrain et les deux tercets relèvent en majorité du parler Introverti : valorisation des mots B (reverrai, petit, village, clospauvre, maison, séjour, aïeux, Loire Gaulois, petit Liré, angevine), dévalorisation des mots A (palais, romains, audacieux, Tibre Latin, mont Palatin, air marin).

Exceptions (point de vue Extraverti) : Fumer la cheminée, ardoise fine préférée au marbre dur, douceur.

Le premier quatrain valorise le parcours E -> I  : la séquence voyage puis retour entre ses parents est valorisée,  les mots conquérir et usage (capital d'expérience). C'est un voyage qui rapporte un gain, un voyage où l'on fait le plein, opposé au voyage-perdition, au voyage sans retour du parler E->E.

      Analysez par comparaison sur ce thème
, par l'A.L.S., et pour s'interroger sur la personnalité de Du Bellay ces autres poèmes extraits du recueil Les Regrets :

Du Bellay, Les Regrets. Sonnet XXXII

Je me ferai savant en la philosophie,
En la mathématique, et médecine aussi,
Je me ferai légiste, et d’un plus haut souci
Apprendrai les secrets de la théologie :

Du luth et du pinceau j’ébatterai ma vie,
De l’escrime et du bal. Je discourais ainsi,
Et me vantais en moi d’apprendre tout ceci,
Quand je changeai la France au séjour d’Italie.

O beaux discours humains ! je suis venu si loin,
Pour m’enrichir d’ennui, de vieillesse, et de soin,
Et perdre en voyageant le meilleur de mon âge.

Ainsi le marinier souvent pour tout trésor
Rapporte des harengs en lieu de lingots d’or,
Ayant fait, comme moi, un malheureux voyage.

 

     Corrigé bientôt . . .

 

Lien intéressant : Le thème du voyage dans les Regrets de Du Bellay

*  *  *  *  *  *  *  * 

      Même exercice sur la chanson d'Edith Piaf Non, je ne regrette rien :

Non ! Rien de rien ...
Non ! Je ne regrette rien
Ni le bien qu'on m'a fait
Ni le mal tout ça m'est bien égal !

Non ! Rien de rien ...
Non ! Je ne regrette rien...
C'est payé, balayé, oublié
Je me fous du passé !

Avec mes souvenirs
J'ai allumé le feu
Mes chagrins, mes plaisirs
Je n'ai plus besoin d'eux !

Balayés les amours
Avec leurs trémolos
Balayés pour toujours
Je repars à zéro ...

Non ! Rien de rien ...
Non ! Je ne regrette rien ...
Car ma vie, car mes joies
Aujourd'hui, ça commence avec toi !

 

[ Corrigé prochainement ]

 

D'autres analyses d'extraits de poésie et littérature :

Application de l'A.L.S. au corpus des Fleurs du Mal de Ch. Baudelaire

Mallarmé mal aimé ?


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Application de l'A.L.S. à la traduction

 



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Français
L'A.L.S. (Analyse des Logiques Subjectives) est une méthode d’analyse des mots (lexèmes) d’un texte parlé ou écrit, inspirée par la psychanalyse, qui permet, sans recourir au non-verbal (intonations, gestes, mimiques), d’avoir une idée de la personnalité de l’auteur et de ceux qu’il peut espérer persuader ou séduire.

English
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Deutsch
Die A.L.S (Analyse der Subjektiven Logiken) ist eine Untersuchungsmethode der Wörter (lexikalische Einheiten) eines gesprochenen oder geschriebenen Textes, mit einer Inspiration der Psychoanalyse, der erlaubt, ohne sich an das Nichtverbale (Intonationen, Bewegungen, Mimiken, u.s.w.) zu wenden, eine Idee der Personalität des Autors und derjenigen zu bekommen, die er zu überreden oder zu bezaubern hofft.

Português
A A.L.S. (Análise das Lógicas Subjetivas) é um método de análise das palavras (unidades lexicais) de um texto falado ou escrito, inspirado pela psicanálise, que permite, sem recorrer ao não-verbal (intonações, gestos, mímicas, etc.), ter uma idéia da personalidade do autor e daqueles que ele pode esperar persuadir ou seduzir.

Español
El A.L.S. (Análisis de las Lógicas Subjectivas) es un método de análisis de las palabras (lexemas) de un texto hablado o escrito, inspirado por la psicoanálisis, que permite, sin recurrir al no verbal (intonaciones, gestos, mímicas), tener una idea de la personalidad del autor y de aquellos a los que puede esperar persuadir o seducir.

Italiano
L'A.L.S. (Analisi delle Logiche Soggettive, è un metodo di analisi delle parole ("lexèmes") di un testo parlato o scritto, ispirata per la psicanalisi, che permette, senza ricorrere al no-verbale (intonazioni, gesti, mimici), di avere un'idea della personalità dell'autore e di quelli che può sperare di persuadere o sedurre.



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analyscience, linguistique, analyse de discours, métaphore, psychanalyse, Lacan, psychologie, psychologie sociale, psychose, paranoïa, schizophrénie, rhétorique, argumentation, épistémologie, poésie, littérature, Baudelaire, traduction, malentendu, expressions figées, Jean-Claude Milner, L’Œuvre claire, Albert Camus, Marie Cardinal, Amélie Nothomb, Georges Brassens, Henry Miller, Parménide, Cyrano de Bergerac, Aragon, Nietzsche, Luce Irigaray, Hélène Cixous, Deleuze, Guattari, hystérie, obsession, phobie, angoisse, inconscient, rêve, rébus, subjiciel

Keywords :
analyscience, linguistics, "discourse analysis", metaphor, psychoanalysis, Lacan, psychology, social psychology, psychosis, paranoia, schizophrenia, rhetorics, argumentation, epistemology, poetry, litterature, Baudelaire, translation, misunderstanding, frozen expressions, Jean-Claude Milner, L’Œuvre claire, Albert Camus, Marie Cardinal, Amélie Nothomb, Georges Brassens, Henry Miller, Parménide, Cyrano de Bergerac, Aragon, Nietzsche, Luce Irigaray, Hélène Cixous, Deleuze, Guattari, hysteria, fixed idea, phobia, anxiety, the unconscious, dream, rebus, subjiciel

Schlüsselwörter :
analyscience, Linguistik, Redeanalyse, Metapher, Psychoanalyse, Lacan, Psychologie, soziale Psychologie, Psychose, Paranoia, Schizophrenie, Rhetorik, Argumentation, Epistemologie, Poesie, Literatur, Baudelaire, Übersetzung, Mißverständnis, starre Ausdrücke, Jean- Claude Milner, L’Œuvre claire, Albert Camus, Marie Cardinal, Amélie Nothomb, Georges Brassens, Henry Miller, Parménide, Cyrano de Bergerac, Aragon, Nietzsche, Luce Irigaray, Hélène Cixous, Deleuze, Guattari, Hysterie, Zwangsvorstellung, Phobie, Angst, Unbewusstes, Traum, Rebus, Subjiciel

Palavras-chaves :
analyscience, linguística, análise de discursos, metáfora, psicanálise, Lacan, psicologia, psicologia social, psicose, paranóia, esquizofrenia, retórica, argumentação, epistemologia, poesia, literatura, Baudelaire, tradução, equívoco, expressões bloqueadas, Jean- Claude Milner, L’Œuvre claire, Albert Camus, Marie Cardinal, Amélie Nothomb, Georges Brassens, Henry Miller, Parménide, Cyrano de Bergerac, Aragon, Nietzsche, Luce Irigaray, Hélène Cixous, Deleuze, Guattari, histeria, idéia fixada, fobia, inquietude, inconsciente, sonho, rébus, subjiciel

Palabras-clave :
analyscience, lingüistica, análisis de discurso, metáfora, psicoanálisis, Lacan, psicología, psicología social, psicosis, paranoïa, esquizofrenia, retórica, argumentación, epistemología, poesía, literatura, Baudelaire, traducción, malentendido, expresiones cuajadas, Jean-Claude Milner, L’Œuvre claire, Albert Camus, Marie Cardinal, Amélie Nothomb, Georges Brassens, Henry Miller, Parménide, Cyrano de Bergerac, Aragon, Nietzsche, Luce Irigaray, Hélène Cixous, Deleuze, Guattari, histerismo, obsesión, fobia, angustia, inconsciente, sueño, jeroglífico, subjiciel

Parola-chiave :
analyscience, linguistica, analisi di discorso, metafora, psicanalisi, Lacan, psicologia, psicologia sociale, psicosi, paranoia, schizofrenia, retorica, argomentazione, epistemologia, poesia, letteratura, Baudelaire, traduzione, malinteso, espressioni idiomatiche, Jean-Claude Milner, L’Œuvre claire, Albert Camus, Marie Cardinal, Amélie Nothomb, Georges Brassens, Henry Miller, Parménide, Cyrano de Bergerac, Aragon, Nietzsche, Luce Irigaray, Hélène Cixous, Deleuze, Guattari, isterismo, ossessione, fobia, angoscia, inconscio, sogno, rebus, subjiciel

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8 novembre 2008 6 08 /11 /novembre /2008 15:32


      Exercice selon le principe habituel, voir ici.

      Les séries sont déjà marquées : italique = série A, gras = série B, gras+italique = mots du "parcours" E 
-> I (parler du progrès ou "constructeur").

      V
oici un extrait de Nietzsche portant sur "la tendance morale à la vérité" :

     "Par le contraste du menteur en qui personne n'a confiance, que tous excluent, l'homme se démontre à lui-même ce que la vérité a d'honorable, de confiant et d'utile.
     Il pose maintenant son action en tant qu'être « raisonnable » sous la domination des abstractions ; il ne souffre plus d'être emporté par les impressions subites, par les intuitions ; il généralise toutes ces impressions en des concepts décolorés et plus froids afin de leur rattacher la conduite de sa vie et de son action.
     Tout ce qui distingue l'homme de l'animal dépend de cette capacité de faire se volatiliser les métaphores intuitives en un schéma, donc de dissoudre une image dans un concept.
     Dans le domaine de ces schèmes est possible quelque chose qui jamais ne pourrait réussir au milieu des premières impressions intuitives : construire un ordre pyramidal selon des castes et des degrés, créer un monde nouveau de lois, de privilèges, de subordinations, de délimitations, monde qui s'oppose désormais à l'autre monde, celui des premières impressions, comme étant ce qu'il y a de plus ferme, de plus général, de plus connu, de plus humain, et, de ce fait, comme ce qui est régulateur et impératif. .
     Tandis que chaque métaphore de l'intuition est individuelle et sans sa pareille et, de ce fait, sait toujours fuir toute dénomination, le grand édifice des concepts montre la rigide régularité d'un columbarium romain et exhale dans la logique cette sévérité et cette froideur qui est le propre des mathématiques.
     Qui sera imprégné de cette froideur croira difficilement que le concept, en os et octogonal comme un et, comme celui-ci amovible, n'est autre que le résidu d'une métaphore, et que l'illusion de la transposition artistique d'une excitation nerveuse en images, si elle n'est pas la mère, est pourtant la grand-mère de tout concept.
     Dans ce jeu de dés des concepts, on appelle « vérité » le fait d'utiliser chaque selon sa désignation, le fait de compter avec précision ses points, le fait de former des nominations correctes et de ne jamais pécher contre l'ordre des castes et des classes.
     Comme les Romains et les Étrusques divisaient le ciel par de rigides lignes mathématiques et, dans un espace délimité ainsi qu'en un « templum », conjuraient un dieu, de même chaque peuple a au-dessus de lui un tel ciel de concepts mathématiquement répartis et, sous l'exigence de la vérité, il entend désormais que tout dieu conceptuel ne soit cherché nulle part ailleurs que dans sa sphère.
     Il faut ici admirer l'homme pour ce qu'il est un puissant génie de l'architecture qui réussit à ériger, sur des fondements mouvants et en quelque sorte sur l'eau courante, un dôme conceptuel infiniment compliqué : - en vérité, pour trouver un point d'appui sur de tels fondements, il faut que ce soit une construction comme faite de fils d'araignée, assez fine pour être transportée avec le flot, assez solide pour ne pas être dispersée au souffle du moindre vent.
     [ ... ]
     Ce n'est que par l'oubli de ce monde primitif de métaphores, ce n'est que par le durcissement et le raidissement de ce qui était à l'origine une masse d'images surgissant, en un flot ardent, de la capacité originelle de l'imagination humaine, ce n'est que par la croyance invincible que ce soleil, cette fenêtre, cette table, est une vérité en soi, bref ce n'est que par le fait que l'homme s'oublie en tant que sujet, et ce en tant que sujet de la création artistique, qu'il vit avec quelque repos, quelque sécurité et quelque conséquence : s'il pouvait sortir un seul instant des murs du cachot de cette croyance, c'en serait aussitôt fait de sa « conscience de soi »."


     En première analyse (par l'A.L.S), cet extrait paraît homogène quant au point de vue, que je vous laisse identifier, mais il y a un "intrus" : le point de vue opposé se manifeste, non de façon contradictoire, mais en suivant un fil argumentatif cohérent, d'ailleurs non spécifique de Nietzsche, que je vous invite à découvrir.

     Bonne recherche

Début de réponse :

      Le contexte indique que Nietzsche est critique (c'est un euphémisme !) envers la genès de cette "tendance morale à la vérité". Soulignons les mots valorisés et laissons tels quels les mots péjoratifs.

      Le point de vue largement dominant dans ce passage est le point de vue Extraverti , et ce que Nietzsche dénonce, c'est (à l'exception de rares mots du parcours E  -> I ) le point de vue Introverti.

      A l'appui de l'hypothèse que fait l'A.L.S - que Nietzsche est un ambassadeur ô combien éloquent du parler "changement/destruction", voici un passage tiré du  brouillon d’une lettre qu’il écrit en décembre 1888 à son ami d’enfance, Paul Deussen : « Je te jure que je suis capable de modifier la chronologie. Rien de ce qui est aujourd’hui debout n’échappera à l’effondrement. Je ne suis plus un homme, je suis de la dynamite. ». A rapprocher de Mallarmé disant « Le poème est la seule bombe »

 


     
Mais dans le dernier paragraphe surviennent les deux énoncés
"l'oubli de ce monde primitif" de métaphores", "la capacité originelle" et "le fait que l'homme s'oublie en tant que sujet", où Nietsche passe au point de vue Introverti. Explication sous peu.


**************************

     Le paragraphe 74 de La Volonté de puissance (1888) :

      « Je crois que l’on méconnaît le stoïcisme. L’essence de ce tempérament est une certaine attitude envers la douleur et les représentations du déplaisir : une certaine pesanteur, une certaine force de pression, une certaine inertie intensifiée à l’extrême afin d’atténuer la douleur ; la rigidité et la froideur servent d’artifice, d’anesthésiques. Fin principale de l’éducation stoïque : détruire l’émotivité facile, restreindre de plus en plus le nombre des objets dignes de nous émouvoir, considérer comme méprisables et de mince valeur la plupart des choses qui nous émeuvent, la haine et l’hostilité contre l’émotion, même contre la passion, comme si c’était une maladie ou une chose honteuse ; fixer l’attention sur toutes les manifestations laides ou pénibles de la passion. En somme, la pétrification comme remède à la douleur ; décerner dorénavant à cette statue tous les hauts attributs du divin et de la vertu. Qu’importe d’embrasser une statue en hiver, quand on est devenu insensible au froid ? Qu’importe qu’une statue embrasse une autre statue ? Quand le stoïcien parvient à l’état où il aspire (d’habitude il l’apporte avec lui et c’est pour cette raison qu’il choisit cette philosophie), cet état a la force compressive d’un bandage qui provoque l’insensibilité. Cette façon de penser me répugne fort ; elle sous-estime la valeur de la douleur (qui est aussi utile et favorable que l’air), la valeur de l’émotion et de la passion ; on est finalement forcé de dire : tout ce qui arrive est bon ; je ne souhaite rien d’autre ; on ne remédie plus à aucun mal parce que l’on a tué la sensibilité aux maux. Cela s’exprime sous forme religieuse comme total accord avec tous les actes de la divinité (par exemple chez Épictète). » (p. 116)

      Le contexte indique que Nietzsche est critique ("Cette façon de penser me répugne fort"). Soulignons les mots valorisés et laissons tels quels les mots péjoratifs.

[ Réponse dans quelques jours ]


      Un passage de Le gai savoir :

       « Enfin ma promptitude a une autre valeur : étant donné les questions qui m'occupent, je suis forcé d'être souvent rapide pour qu'on m'entende encore plus rapidement. Un immoraliste doit éviter de pervertir l'innocence, j'entends les ânes et les vieilles filles des deux sexes qui n'ont de la vie que cette innocence [ ...]. Combien faut-il a un esprit pour se nourrir ?  Nulle formule ne peut répondre à la question ; mais si le goût de cet esprit le porte à l'indépendance, à de rapides allées et venues, au voyage, voire aux aventures pour lesquelles ne sont taillés que les plus agiles, il aime mieux vivre frugalement en liberté que dans un esclavage qui le gave. Ce n'est pas la graisse qu'un bon danseur veut obtenir de son alimentation, c'est le maximum de la souplesse et de la force ... et je ne sais rien qu'un philosophe souhaite plus être qu'on bon danseur. Car la danse est son idéal, son art aussi, sa seule piété enfin, son "culte". »

[ Réponse dans quelques jours ]

      Un passage de Par delà le bien et le mal :

 

 

       « C 'était là une façon de penser noble, peut-être parmi des hommes qui jouissaient de sens plus vigoureux et plus exigeants que n'en ont nos contemporains, mais qui savaient trouver un triomphe supérieur en gardant  la maîtrise de ces sens : et cela, grâce à des filets tissés de concepts pâles, froids, gris qu'ils jetaient par-dessus le tourbillon multicolore des sens — la tourbe des sens, comme disait Platon."

 

[ Réponse dans quelques jours ]



Références intéressantes dans Google, à explorer :

Cairn - La métaphore et le linguiste



"La place de Nietzsche dans la généalogie de la psychanalyse" (Thierry Simonelli )

 

"Nietzsche, la métaphore et les sciences cognitives" (Angèle Kremer-Marietti )

 

  ****** N'oubliez pas de visiter le reste de ce site ! ******



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Français

L'A.L.S. (Analyse des Logiques Subjectives) est une méthode d’analyse des mots (lexèmes) d’un texte parlé ou écrit, inspirée par la psychanalyse, qui permet, sans recourir au non-verbal (intonations, gestes, mimiques), d’avoir une idée de la personnalité de l’auteur et de ceux qu’il peut espérer persuader ou séduire.

English
A.L.S (Analysis of Subjective Logics) is an analytical method concerned with the words (lexical items) of a spoken or written text. Drawing on psychoanalysis, it allows one, without resorting to the non-verbal (intonations, gestures, mimics, etc.), to get an idea of the personality of the author as well as of those one expects to persuade or to entice.

Deutsch
Die A.L.S (Analyse der Subjektiven Logiken) ist eine Untersuchungsmethode der Wörter (lexikalische Einheiten) eines gesprochenen oder geschriebenen Textes, mit einer Inspiration der Psychoanalyse, der erlaubt, ohne sich an das Nichtverbale (Intonationen, Bewegungen, Mimiken, u.s.w.) zu wenden, eine Idee der Personalität des Autors und derjenigen zu bekommen, die er zu überreden oder zu bezaubern hofft.

Português
A A.L.S. (Análise das Lógicas Subjetivas) é um método de análise das palavras (unidades lexicais) de um texto falado ou escrito, inspirado pela psicanálise, que permite, sem recorrer ao não-verbal (intonações, gestos, mímicas, etc.), ter uma idéia da personalidade do autor e daqueles que ele pode esperar persuadir ou seduzir.

Español
El A.L.S. (Análisis de las Lógicas Subjectivas) es un método de análisis de las palabras (lexemas) de un texto hablado o escrito, inspirado por la psicoanálisis, que permite, sin recurrir al no verbal (intonaciones, gestos, mímicas), tener una idea de la personalidad del autor y de aquellos a los que puede esperar persuadir o seducir.

Italiano
L'A.L.S. (Analisi delle Logiche Soggettive, è un metodo di analisi delle parole ("lexèmes") di un testo parlato o scritto, ispirata per la psicanalisi, che permette, senza ricorrere al no-verbale (intonazioni, gesti, mimici), di avere un'idea della personalità dell'autore e di quelli che può sperare di persuadere o sedurre.



Résumé : Blog de diffusion de textes et de discussions autour de l'Analyse des Logiques Subjectives, méthode linguistique originale d'analyse de discours partant des métaphores courantes et de la psychanalyse.

Abstract : Blog about "Analysis of Subjective Logics ", an original linguistic approach in discourse analysis.


Mots-clé : linguistique, analyse de discours, métaphore, psychanalyse, Lacan, psychologie, psychologie sociale, psychose, paranoïa, schizophrénie, rhétorique, argumentation, épistémologie, poésie, littérature, Baudelaire, traduction, malentendu, expressions figées, Jean-Claude Milner, Albert Camus, Marie Cardinal, Amélie Nothomb, Georges Brassens, Henry Miller, Parménide, Cyrano de Bergerac, Aragon, Nietzsche, hystérie, obsession, phobie, angoisse, inconscient, rêve, rébus, subjiciel

Keywords : linguistics, "discourse analysis", metaphor, psychoanalysis, Lacan, psychology, social psychology, psychosis, paranoia, schizophrenia, rhetorics, argumentation, epistemology, poetry, litterature, Baudelaire, translation, misunderstanding, frozen expressions, Jean-Claude Milner, Albert Camus, Marie Cardinal, Amélie Nothomb, Georges Brassens, Henry Miller, Parménide, Cyrano de Bergerac, Aragon, Nietzsche,
hysteria, fixed idea, phobia, anxiety, the unconscious, dream, rebus, subjiciel

Schlüsselwörter : Linguistik, Redeanalyse, Metapher, Psychoanalyse, Lacan, Psychologie, soziale Psychologie, Psychose, Paranoia, Schizophrenie, Rhetorik, Argumentation, Epistemologie, Poesie, Literatur, Baudelaire, Übersetzung, Mißverständnis, starre Ausdrücke, Jean- Claude Milner, Albert Camus, Marie Cardinal, Amélie Nothomb, Georges Brassens, Henry Miller, Parménide, Cyrano de Bergerac, Aragon, Nietzsche, Hysterie, Zwangsvorstellung, Phobie, Angst, Unbewusstes, Traum, Rebus, subjiciel

Palavras-chaves : linguística, análise de discursos, metáfora, psicanálise, Lacan, psicologia, psicologia social, psicose, paranóia, esquizofrenia, retórica, argumentação, epistemologia, poesia, literatura, Baudelaire, tradução, equívoco, expressões bloqueadas, Jean- Claude Milner, Albert Camus, Marie Cardinal, Amélie Nothomb, Georges Brassens, Henry Miller, Parménide, Cyrano de Bergerac, Aragon, Nietzsche, histeria, idéia fixada, fobia, inquietude, o inconsciente, sonho, rébus, subjiciel

Palabras-clave : lingüistica, análisis de discurso, metáfora, psicoanálisis, Lacan, psicología, psicología social, psicosis, paranoïa, esquizofrenia, retórica, argumentación, epistemología, poesía, literatura, Baudelaire, traducción, malentendido, expresiones cuajadas, Jean-Claude Milner, Albert Camus, Marie Cardinal, Amélie Nothomb, Georges Brassens, Henry Miller, Parménide, Cyrano de Bergerac, Aragon, Nietzsche, histerismo, obsesión, fobia, angustia, inconsciente, sueño, jeroglífico, subjiciel

Parola-chiave : linguistica, analisi di discorso, metafora, psicanalisi, Lacan, psicologia, psicologia sociale, psicosi, paranoia, schizofrenia, retorica, argomentazione, epistemologia, poesia, letteratura, Baudelaire, traduzione, malinteso, espressioni idiomatiche, Jean-Claude Milner. , Albert Camus, Marie Cardinal, Amélie Nothomb, Georges Brassens, Henry Miller, Parménide, Cyrano de Bergerac, Aragon, Nietzsche,  isterismo, ossessione, fobia, angoscia, inconscio, sogno, rebus, subjiciel
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2 novembre 2008 7 02 /11 /novembre /2008 08:49
      Comment, à l'aide de l'A.L.S., analyseriez-vous cette critique littéraire, parue dans le magazine IMPACT MEDECIN ? Pour gagner du temps, les séries sont déjà notées (italique : série B, gras : série A), mais pas les valeurs.

      « Avec tact et mesure, avec une certaine distance bienséante vis-à-vis des turpitudes de la nature humaine, accommodée de rosserie et d'humour, le roman anglais est un canapé Chesterfield : confortable mais jamais avachi. Ce style victorien, si éloigné de l'incontinent débraguettage continental, autorise tout, en sachant éviter l'odeur de rance ou de renfermé. Le roman anglais se goûte comme un bonbon acidulé, sucré, mais sur lequel on peut se casser les dents tant le sens de l'absurde y est aigu. Trois romans, juste traduits, représentent au plus haut niveau cette littérature "exotique".
»

Voici les valeurs (souligné = valorisé) :

      « Avec tact et mesure, avec une certaine distance bienséante vis-à-vis des turpitudes de la nature humaine, accommodée de rosserie et d'humour, le roman anglais est un canapé Chesterfield : confortable mais jamais avachi. Ce style victorien, si éloigné de l'incontinent débraguettage continental, autorise tout, en sachant éviter l'odeur de rance ou de renfermé. Le roman anglais se goûte comme un bonbon acidulé, sucré, mais sur lequel on peut se casser les dents tant le sens de l'absurde y est aigu. Trois romans, juste traduits, représentent au plus haut niveau cette littérature "exotique".
»

      On peut en tirer la succession des "points de vue" instantanés :

      I  I  E  I  I  E  E  I  I  E  I  I  I  E  "mixte" "mixte" E  E  I  E  I  I  E  E  E

      Un telle alternance régulière de "points de vue" est à première vue caractéristique du "parler hésitant". Ceci reste à commenter.

[A suivre ...]


D'autres analyses d'extraits de poésie et littérature :

Application de l'A.L.S. au corpus des Fleurs du Mal de Ch. Baudelaire

Mallarmé mal aimé ?


La personnalité de Cyrano vue par l'A.L.S.


Un passage de "Cyrano de Bergerac", d'Edmond Rostand


La tirade des "Non merci !" de Cyrano de Bergerac

Une citation d'Antonin Artaud

Un texte d'Hélène Cixous


Un texte de Luce Irigaray

Un "Manifeste" de Witold Gombrowicz

Un texte d'Henry de Montherlant

Baudelaire : Notes nouvelles sur Edgar Poe

Quelle est la "personnalité" de Du Bellay ?

De Du Bellay à Piaf : regretter ou non ?

L'avant-lire et les préfaces de "Le libertinage", d'Aragon


Un passage d'Amélie Nothomb



Une chanson de Georges Brassens, "Le pornographe"


Passage extrait du livre de H. Miller "Le monde du sexe"

Application de l'A.L.S. à la traduction




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L'A.L.S. (Analyse des Logiques Subjectives) est une méthode d’analyse des mots (lexèmes) d’un texte parlé ou écrit, inspirée par la psychanalyse, qui permet, sans recourir au non-verbal (intonations, gestes, mimiques), d’avoir une idée de la personnalité de l’auteur et de ceux qu’il peut espérer persuader ou séduire.

English
A.L.S (Analysis of Subjective Logics) is an analytical method concerned with the words (lexical items) of a spoken or written text. Drawing on psychoanalysis, it allows one, without resorting to the non-verbal (intonations, gestures, mimics, etc.), to get an idea of the personality of the author as well as of those one expects to persuade or to entice.

Deutsch
Die A.L.S (Analyse der Subjektiven Logiken) ist eine Untersuchungsmethode der Wörter (lexikalische Einheiten) eines gesprochenen oder geschriebenen Textes, mit einer Inspiration der Psychoanalyse, der erlaubt, ohne sich an das Nichtverbale (Intonationen, Bewegungen, Mimiken, u.s.w.) zu wenden, eine Idee der Personalität des Autors und derjenigen zu bekommen, die er zu überreden oder zu bezaubern hofft.

Português
A A.L.S. (Análise das Lógicas Subjetivas) é um método de análise das palavras (unidades lexicais) de um texto falado ou escrito, inspirado pela psicanálise, que permite, sem recorrer ao não-verbal (intonações, gestos, mímicas, etc.), ter uma idéia da personalidade do autor e daqueles que ele pode esperar persuadir ou seduzir.

Español
El A.L.S. (Análisis de las Lógicas Subjectivas) es un método de análisis de las palabras (lexemas) de un texto hablado o escrito, inspirado por la psicoanálisis, que permite, sin recurrir al no verbal (intonaciones, gestos, mímicas), tener una idea de la personalidad del autor y de aquellos a los que puede esperar persuadir o seducir.

Italiano
L'A.L.S. (Analisi delle Logiche Soggettive, è un metodo di analisi delle parole ("lexèmes") di un testo parlato o scritto, ispirata per la psicanalisi, che permette, senza ricorrere al no-verbale (intonazioni, gesti, mimici), di avere un'idea della personalità dell'autore e di quelli che può sperare di persuadere o sedurre.



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Parola-chiave : linguistica, analisi di discorso, metafora, psicanalisi, Lacan, psicologia, psicologia sociale, psicosi, paranoia, schizofrenia, retorica, argomentazione, epistemologia, poesia, letteratura, Baudelaire, traduzione, malinteso, espressioni idiomatiche, Jean-Claude Milner. , Albert Camus, Marie Cardinal, Amélie Nothomb, Georges Brassens, Henry Miller, Parménide, Cyrano de Bergerac, Aragon, Nietzsche,  isterismo, ossessione, fobia, angoscia, inconscio, sogno, rebus, subjiciel
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