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  • : TOUT SUR L'A.L.S.© (Analyse des Logiques Subjectives©)
  • : Blog scientifique sur l'A.L.S.© (Analyse des Logiques Subjectives©), méthode originale d'analyse de discours partant des métaphores quotidiennes et de la psychanalyse. Applications dans de nombreux domaines des Sciences Humaines et Sociales : linguistique, littérature (Camus), poésie (Baudelaire), traduction, rhétorique, argumentation, psychologie sociale. Textes, articles, exercices, discussions,dictionnaires.Google+
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12 juillet 2008 6 12 /07 /juillet /2008 21:50
 
Voici la suite de l'article (gras, italiques et soulignés en attente ...) :


3) La « quatrième dimension »


Quelques auteurs optant pour la « troisième voie » ébauchent avec un recul et une intuition certaine la description — résumée par nous plus bas — des paradigmes dichotomiques, mais s’arrêtent sur cette voie sans les recenser systématiquement ni tenter de les expliquer, conditions selon nous nécessaires à leur dépassement véritable.


Pour savoir à quelles conditions ces oppositions pourraient être surmontées, nous présenterons un certain nombre d’hypothèses, que nous ne pourrons argumenter en détail dans cet article. Nous renvoyons le lecteur au texte « Identifications divergentes et non commutation des synonymes dans les métaphores usuelles » (Pinto et Douay-Soublin,1986), dont nous donnons ici un résumé.


De ces hypothèses, marquées par le souci de dégager l’autonomie du langage, découlera une « négation simultanée » effective de ces oppositions.


Quant à « la capacité de la métaphore à produire de la connaissance », nous remettrons ici en question non pas la fonction cognitive ou la valeur heuristique de la métaphore en elle-même, mais tout à la fois celle de la langue non métaphorique, dénotative, et celle de la langue métaphorique, et ce en contestant les entités, les totalités que l’une et l’autre supposent : la ligne de partage ne passe pas, pensons-nous, entre métaphore et non-métaphore, mais entre langue entitaire et lettre non-entitaire (ou si l’on veut entre « tout » et « non-tout »).

a) Jean Molino, François Rastier, Lakoff et Johnson soulignent chacun à leur manière l’importance des paradigmes dichotomiques.


— Molino constate, on l’a vu, qu’« un des partages les plus profonds de notre culture est celui qui oppose le rationnel à l’irrationnel » (Molino, 1979b) … Mais la nature des dichotomies verticalement corrélées qu’il mentionne :

objectivité / subjectivité

réalité / plaisir (Freud)

accommodation / assimilation (Piaget)

rite / outil (Le Cœur)

propre / figuré (grammaire et rhétorique)

n’est pas précisée, et il hésite entre les noms de « mythe » (« la pureté scientifique n’est qu’un mythe ») déjà rencontré chez Lakoff et Johnson, d’« archétype » (« l’épistémologie de Bachelard est restée bloquée par l’obstacle que constituait l’archétype, très concret, du pur et de l’impur, de l’abstrait et du concret, du concept et de l’image, du rationnel et de l’irrationnel »), et de « partage au sein de la culture »…


— Rastier (Rastier, 1988) caractérise les deux paradigmes cognitifs par les couples logiciste / physiciste, discret / non discret, identique à soi / non identique à soi, et oppose la métaphore cognitiviste « l’esprit est un programme » à la métaphore connexionniste « l’ordinateur est un cerveau »… Il retrouve au niveau des structures de données informatiques (il cite Minsky et Papert, Perceptrons, 1969) l’affrontement entre les deux paradigmes sous la forme des oppositions suivantes, verticalement corrélées :

symbolic / connexionist

logical / analogical

serial / parallel

discrete / continuous

localized / distributed

hierarchical / heterarchical

Mais ici encore les dénominations qu’il propose : « enjeux idéologiques », « ontologies implicites » (pensée du discret et pensée du continu), « philosophies » (« les ontologies spontanées cherchent appui sur des philosophies explicites »), « poétiques » (métaphore de l’ordinateur et métaphore du cerveau), ne nous éclairent ni sur la nature, ni sur la raison d’être de ces paradigmes.


— Lakoff et Johnson décrivent les « mythes » de l’objectivisme et du subjectivisme en des termes qui concordent avec nos observations. Mais leur critique de l’objectivisme est bien plus longue que celle du subjectivisme (légère préférence pour le second ?), et l’origine de ces deux mythes reste mystérieuse.


Le chapitre « métaphore et cohérence culturelle » révèle leur embarras : après avoir posé que « les valeurs les plus fondamentales d’une culture sont cohérentes avec la structure métaphorique de ses concepts les plus fondamentaux », ils reconnaissent qu’ « il y a souvent des conflits parmi ces valeurs et par conséquent parmi les métaphores qui leur sont associées. Pour expliquer de tels conflits, nous devons nous demander auxquelles de ces métaphores la subculture qui les utilise accorde une priorité »…

« En dehors des subcultures, certains groupes se définissent par le fait qu’ils partagent des valeurs importantes qui entrent en conflit avec celles de la culture dominante … par exemple l’ordre des trappistes »…

Enfin « les individus … sous-groupes constitués d’une personne [sic !] … se fixent des priorités diverses et définissent ce qui leur semble bon et vertueux de plusieurs manières »…


Même embarras entre cultures différentes : « il y a des cultures où la passivité est plus valorisée que l’activité … la manière dont les concepts sont orientés ainsi que la hiérarchie des orientations varient d’une culture à l’autre »…


Or les deux mythes sont clairement rattachés l’un à la « culture » scientifique, l’autre à la « tradition » romantique, sous l’intitulé « Les choix offerts par notre culture »…


En fait, ce mot « culture », jamais explicité, est un fourre-tout qui permet à Lakoff et Johnson d’occulter l’autonomie du symbolique, de méconnaitre la dimension symbolique du langage mise en lumière par l’anthropologie. Leur critique de l’objectivisme linguistique leur permet de jeter l’enfant (la linguistique tant empiriste que rationaliste) avec l’eau du bain (le mythe objectiviste). La métaphore ne relève plus du langage, mais de « concepts métaphoriques » rattachés à un hypothétique « système conceptuel »…


Si la métaphore, longtemps rejetée hors du champ linguistique, se voit réhabilitée, c’est à présent le champ linguistique qui est rejeté hors de la métaphore ! On peut et on doit ici parler de « régression prélinguistique ».


b) Les dénominations proposées jusqu’ici pour rendre compte des dichotomies : « mythes », « archétypes », « cultures », « subcultures », « philosophies », « ontologies implicites », « poétiques », « idéologies », « traditions », etc. nous semblent contestables et insuffisamment explicites.


Dans une recherche menée avec le G.R.T.C (Groupe de Représentation et Traitement des Connaissances, laboratoire du C.N.R.S. à Marseille) et exposée dans le texte sus-mentionné (Pinto et Douay-Soublin,1986), nous étudions, à partir du discours courant, les relations entre les « choix » sémantiques de « familles de locuteurs » et leurs types d'« identification » en psychanalyse. Plaidant pour une description systématique des paradigmes opposés, nous argumentons en faveur de leur origine fantasmatique, en donnant du mot « fantasme » une définition précise, à fondement linguistique.


• Description des dichotomies :


Certains mots ou expressions contenant des traits sémantiques voisins (et parfois « le même » mot ou « la même » expression) sont reconnus par les dictionnaires comme non synonymes, non substituables : ils ont en effet des valeurs opposées, positive (+) ou négative (-), et des domaines de référence différents. Ainsi :


. s'envoyer en l'air (référence:accident) (-) / s'envoyer en l'air (référence:plaisir) (+)

. c'est la porte ouverte à (…tous les excès) (-) / opérations portes ouvertes (+)

. le Vietnam, c'est l'enfer (-) / Get 27, c'est l'enfer (+) (slogan publicitaire), etc.


A l’inverse, certains mots ou expressions renvoyant à un domaine de référence commun, et ayant même valeur positive ou négative, mais contenant des traits sémantiques opposés, sont dans les dictionnaires donnés à tort pour synonymes, donc potentiellement substituables. Par exemple :


. y passer / y rester (référence : mort) (-)

. fondu / givré (référence : folie) (-), etc.


Collectons en deux listes ces couples de pseudosynonymes. Leur étude distributionnelle montre qu’ils sont utilisés de façon « partiale » selon les familles de locuteurs : interviewés sur leur emploi les donnent pour intercheangeables, mais dans l'exercice effectif de leur parole (en production) ils ne les confondent pas.


Ces deux paradigmes évoquent les lectes que décrit Michel Le Guern (Berrendonner, Le Guern et Puech 1983) : « une langue est une polyhiérarchie de sous-systèmes, et certains de ces sous-systèmes offrent aux locuteurs des choix entre diverses variantes. Chacune de ces variantes sera nommée ici un lecte … Les lectes que je poserai ne seront assignés ni à un individu, ni à une catégorie sociale, ni à une aire géographique, ni à un genre particulier de communication. Ils seront étudiés 'en soi', dans leurs purs rapports oppositifs à l'intérieur du système »…


La décomposition sémique des mots entrant dans ces paradigmes aboutit à deux listes que nous nommerons désormais séries, et qui correspondent aux listes verticalement corrélées ébauchées par certains auteurs (pur / impur, abstrait / concret, rationnel / irrationnel, discret / non discret, etc.).


On constate alors que les familles de locuteurs qui valorisent une série au dépens de l’autre, ou qui oscillent au contraire entre l’une et l’autre, répondent aux caractérisations cliniques classiques des « personnalités » obsessionnelle, hystérique et phobique.


• Tentons d’expliquer ces constatations et d’avancer des arguments en faveur de la nature fantasmatique des séries.


Le terme psychanalytique d’« identification » (qui désigne à la fois le processus et son résultat) est préférable à celui de « personnalité », qui repose sur le présupposé de l’« individu psychique »… Laissant de côté le premier temps du processus identificatoire, nous évoquerons brièvement le deuxième et le troisième.


— La « deuxième identification » fonde depuis le dire du parent (le nom propre, les pronoms personnels) la conviction de l’enfant d’être quelqu’un, une entité, ce dont il ne peut faire l’expérience directe. Or après avoir reconnu qu’il n’y a pas d’« expérience physique directe » et que « chaque expérience physique a lieu sur fond de présuppositions culturelles », Lakoff et Johnson réinventent pourtant des concepts directement émergents (Objets, Substances et Contenants) : « nous faisons l’expérience de nous-mêmes comme d’entités séparées du reste du monde — des contenants dotés d’un intérieur et d’un extérieur »… Ce que montre l’expérience est exactement l’inverse. Faute d'une garantie verbale (le dire parental mémorisé, et pour longtemps!), cette conviction ne tient pas : chez le schizophrène, où ce dire a manqué, la dépersonnalisation s’accompagne de convictions inverses (et rebelles à l’expérience) : que son image n’est pas la sienne, ou est éclatée, ou a disparu (« signe du miroir »), qu’il n’est pas une entité séparée du reste du monde (« transitivisme »).


Ainsi l’invocation de l’expérience chez l’homme n’est pertinente que jusqu’à un certain point : les premières expériences rencontrées, dont et surtout le discours parental, vont filtrer les suivantes et faire décroître, jusqu’à l’annuler presque, l’impact des expériences et discours ultérieurs. L’automatisme de répétition décrit en psychanalyse nous fait inlassablement parcourir les mêmes voies, commettre les mêmes erreurs, en dépit du bon sens … et de l’expérience.


— La troisième identification parachève la mise en place du fantasme, qui peut recevoir une définition linguistique.

Jean-Claude Milner rappelle que « selon la théorie freudienne, un fantasme se laisse toujours exprimer par une phrase, ou plus exactement par une formule phrastique, dont chaque variante répond en principe à un fantasme distinct » (Milner, 1989); précisons encore : « le fantasme se présente sous la forme d'un montage grammatical, où s'ordonne, suivant différents renversements, le destin de la pulsion » (Anonyme, 1967). La supposition d’entités séparées du reste du monde, résultat de la deuxième identification, est la condition du fantasme. En effet, pour relier métaphoriquement le sujet à l'objet dans la chaîne syntaxique du fantasme, il faut un sujet et un objet imaginés comme des touts. Dans l'exemple classique où Freud se fantasme « ver de livre » (Bücherwurm, version allemande du « rat de bibliothèque »), la séquence « Le ver mange le livre » suppose l'existence des entités « ver » (renvoyant à Freud) et « livre » (renvoyant à sa mère), mises en relation par le verbe « manger » qui spécifie métaphoriquement ce rapport dans le registre de la pulsion « orale »…


Les phrases du fantasme tissent le texte de la réalité psychique, que l’on distinguera soigneusement du réel.


C’est le discours parental qui détermine après la naissance, non de façon linéaire mais avec certaines transformations elles-mêmes « programmées », le discours fantasmatique de l'enfant, de façon différente selon que celui-ci est idéalisé ou rejeté (pour ne parler d’abord que des cas extrêmes).


L’hypothèse que nous proposons est que l'enfant une fois identifié qualifiera et traitera désormais tout objet y compris lui-même comme le parent l'a qualifié et a souhaité le traiter (Ce faisant, c'est la satisfaction du parent, et non la sienne, qu'il exprime et recherche). Ce sont les adjectifs extraits des qualifications parentales, et les verbes décrivant le sort souhaité à l’enfant qui fourniront les traits sémantiques mis en jeu dans les métaphores du fantasme.


— les adjectifs décrivent l'objet tel qu'il est jugé par le parent (beau, laid, etc.), ou tel qu'il devrait être pour rendre possible l'action (exprimée par un verbe) que le parent veut exercer sur lui : léger ( … pour mieux s'en débarrasser, s’il est perçu comme un fardeau).


— Les verbes décrivent l’attitude devant l’enfant idéalisé :

• aimer, adorer, prendre au sérieux, respecter

• regarder, voir, contempler, etc.,

et les moyens de conserver un tel enfant :

• posséder, maîtriser

• garder, protéger, enfermer, retenir, contenir, isoler, incorporer (verbe le plus souvent métaphorisé en « manger »)

• nourrir, remplir, etc.,

ou à l’enfant non désiré, refusé (tel le poète maudit par sa mère dans « Bénédiction », de Baudelaire) :

• verbes exprimant la déception, la surprise, l'étonnement, la peur, l'horreur,

• haïr, détester, maudire, ne pas prendre au sérieux, tourner en dérision,

et les moyens de se débarrasser d'un tel enfant, de le faire changer, ou de l’ignorer :

• détruire (ouvrir, casser, démolir, brûler, éclater, déchirer, etc…)

• changer, modifier, altérer, tordre

• déplacer, remuer, secouer, éloigner, écarter, chasser, (faire) sortir

• abandonner, laisser tomber, lâcher, jeter

• perdre, égarer, donner, vendre, échanger

• méconnaître, oublier, etc.


Les traits sémantiques extraits de ces verbes et adjectifs sont précisément ceux qui constituent nos séries, que nous pouvons à présent « baptiser » :


. série conservation-intégrité-stabilité ou série « B » : l'enfant est idéalisé, adoré, déifié, précieusement gardé.


. série destruction-disparition-éloignement-changement, ou série « A » : l'enfant est détesté, on veut s’en débarrasser, « l'envoyer au diable »…


La diversité des situations réelles donne des combinaisons de séries, les « parlers », que nous décrivons plus loin.


Ces séries s'inscrivent d'emblée dans une dimension rhétorique : en effet le locuteur, une fois identifié au texte du souhait parental, s’en fera l'avocat. Ses prises de position « subjectives » seront autant de paraphrases de ce texte.


• Adoptant pour décrire ces séries la méthode proposée par Le Guern pour la grammaire polylectale, nous chercherons à constituer non pas une grammaire normative, mais une grammaire potentielle.


(1) Les séries sont donc en première approximation des listes de traits sémantiques opposés terme à terme, par exemple ouvert / fermé, souple / rigide, jeter / garder. La dichotomie n'existe qu'au niveau des traits, et non des unités syntaxiques qui les contiennent.


En fonctionnement fantasmatique, la langue réduit les paradigmes arborescents du fonctionnement cognitif (exemple : les états de la matière : solide / visqueux / liquide / pulvérulent / gazeux) à deux séries seulement de traits opposés (ici : fluide / non fluide). C'est la nécessité d'argumenter, de défendre « son » identification, qui place le locuteur dans un camp ou (ou exclusif) un autre, même s’il change de camp au cours de son argumentation. Lakoff et Johnson remarquent que « l’objectivisme et le subjectivisme ont besoin l’un de l’autre pour exister. Chacun se définit par opposition à l’autre et voit en lui un ennemi …  ».


Si un trait est valorisé dans une série, il est le plus souvent dévalorisé dans l’autre. C'est souvent le contexte qui décide de la valeur positive ou négative d'un mot : le cœur léger (+) / une femme légère (-), mais parfois la langue fournit des doublets, l'un valorisé, l'autre péjoratif (souple / laxiste, rigide / rigoureux, lourd / pondéré). On peut ainsi simuler des « dialogues de sourds », où joue la paradiastole : (figure rhétorique du conflit)


— Vous êtes rigide, soyez donc plus souple !

— C'est vous qui êtes laxiste, soyez donc plus rigoureux !


et qui miment l’éternelle querelle du subjectivisme et de l’objectivisme


(2) Les signifiants complexes, représentés dans toutes les parties du discours : verbes, adjectifs, substantifs etc.) ne se répartissent pas a priori en séries (qui, on l'a vu, ne concernent que les traits sémantiques). On peut décrire pour chacun d'eux sa composition en traits :

— Certains, de composition presque homogène, seront employés pratiquement sans ambiguïté comme se rattachant à l'une ou l'autre série.

— D'autres, contenant dans leur liste des traits des deux séries, auront un fonctionnement déterminé par le contexte.

On pourra vérifier que les dichotomies notées dans la « troisième voie » se composent des traits simples ou de signifiants homogènes.


(3) Ces hypothèses laissent prévoir, et l'expérience confirme, qu'il existe des formes syntaxiques longues symétriques du point de vue des séries. On rencontre ainsi :

• des expressions et locutions symétriques,

• des analogies symétriques,

• des proverbes, aphorismes et sentences symétriques :

Tel père, tel fils / à père avare fils prodigue.

Qui se ressemble s'assemble / les contraires s'attirent.

qui dessinent les contours de deux « morales », de deux esthétiques :

morale de la sagesse, morale de la folie

morale classique, morale baroque ou romantique

morale apollinienne et morale dionysiaque.

• des argumentations dialoguées symétriques, comme celle que développe dans une interview l'avocat J. Vergès en faveur de la défense de rupture (série A), qu'il oppose à la défense de connivence (série B). On les trouve à l’œuvre dans les mythes objectiviste et subjectiviste de Lakoff et Johnson.


(4) Les formes « hyperlongues » :


« Toutes les cultures ont des mythes et les gens ne peuvent vivre sans mythes, pas plus qu’ils ne peuvent vivre sans métaphores … Certains d’entre nous tentent même de mener leur vie entière selon l’un ou l’autre mythe », remarquent Lakoff et Johnson.


De fait, nous pouvons considérer une biographie comme un texte qui argumente, en la répétant, en faveur d'une des identifications décrites plus haut. Les « subcultures » ne seraient autres que les lectes identificatoires. Nous décrivons des combinaisons temporelles des séries, les « parlers », désignés par deux majuscules qui indiquent la succession des séries qui les composent au cours de la biographie. On peut distinguer, sans que cette liste soit limitative :


• Un parler « I -> I » conservateur, passéiste, prudent et vertueux, qui commence « bien » et finit « bien », corrélé sur le plan clinique à la personnalité « obsessionnelle »…

• Un parler « E -> E » iconoclaste, auto et hétérodestructeur, qui commence « mal » et finit « mal », corrélé aux formes « graves » de l’identification « hystérique »…

• Un parler « E -> I » « constructeur », parler de la rédemption, du rachat, de la réparation, qui commence « mal » et finit « bien »… Cette biographie en deux étapes, sans corrélat clinique répertorié, semble résulter d'un jugement en deux temps du parent, qui rejette au début un enfant non conforme à son attente, puis « se fait une raison », s'en accommode, et remédie au « défaut » naturel par l'éducation, la « formation », la « construction de la personnalité de l'enfant »…

• Un parler « I ou E » hésitant et paradoxal, en rapport avec la personnalité « phobique », résultant de l'hésitation parentale ("je le garde ou je le jette ?"), et marqué par l'alternance rapide, voire la juxtaposition dans le discours (oxymore), de termes des deux séries. Il rend compte de certains aspects des solutions de type « troisième voie »…


Chaque parler peut prétendre à l'universel dans sa vision du monde : l'homme (ou la métaphore!) est, selon les versions, fondamentalement bon (Parler I -> I), radicalement mauvais (Parler E -> E), toujours perfectible (Parler E -> I), ou mi-ange mi-bête (Parler I ou E).


La genèse des séries et parlers donne tout leur sens à ces propos de Lakoff et Johnson : « une métaphore peut être un guide pour l’action future … En ce sens, les métaphores peuvent être des prophéties qui engendrent leur propre accomplissement »…


• Ces hypothèses trouvent des applications :


— En sémantique : il existe, en rapport avec la genèse des identifications, des universaux de la subjectivité et du fantasme, dépassant le style d'un auteur, les langues, les époques, distincts des universaux cognitifs, et permettant une certaine prévisibilité dans la sémantique des figures.


— En rhétorique : on est fait par son parent l'avocat d'un type d'identification, on est voué à une sorte de plaidoyer lexical. Entendre « son » lecte ou le lecte opposé entraîne adhésion ou opposition, consensus ou conflit. Les séries apparaissent donc comme des paradigmes métaphoriques à valeur argumentative, où l’on peut puiser pour argumenter sans recourir au raisonnement.


Si la langue peut fonctionner sur un mode fantasmatique ou sur un mode cognitif, l’étude de l'alternance ou de l'intrication de ces modes dans l'argumentation s’impose. Nous distinguerons plus loin métaphores fantasmatiques et métaphores cognitives.


— Dans les sciences humaines en général :

« Les métaphores peuvent créer des réalités, en particulier des réalités sociales » disent Lakoff et Johnson, rejoignant Brunetto Latini (Le Livre du Trésor) : « Tuilles [Marcus Tullius Cicéron] dit que la plus haute science de cités gouverner, c'est rhétorique, c'est-à-dire la science du parler; car si parlure ne fût, cité ne serait, ni nul établissement de justice ni d'humaine compagnie »…






La fin de l'article (gras, italiques et soulignés en attente ...), avec la bibliographie, se trouve sur le billet suivant .



Merci de bien vouloir laisser un commentaire ci-dessous



Français

L'A.L.S. (Analyse des Logiques Subjectives) est une méthode d’analyse des mots (lexèmes) d’un texte parlé ou écrit, inspirée par la psychanalyse, qui permet, sans recourir au non-verbal (intonations, gestes, mimiques), d’avoir une idée de la personnalité de l’auteur et de ceux qu’il peut espérer persuader ou séduire.

English
A.L.S (Analysis of Subjective Logics) is an analytical method concerned with the words (lexical items) of a spoken or written text. Drawing on psychoanalysis, it allows one, without resorting to the non-verbal (intonations, gestures, mimics, etc.), to get an idea of the personality of the author as well as of those one expects to persuade or to entice.

Deutsch
Die A.L.S (Analyse der Subjektiven Logiken) ist eine Untersuchungsmethode der Wörter (lexikalische Einheiten) eines gesprochenen oder geschriebenen Textes, mit einer Inspiration der Psychoanalyse, der erlaubt, ohne sich an das Nichtverbale (Intonationen, Bewegungen, Mimiken, u.s.w.) zu wenden, eine Idee der Personalität des Autors und derjenigen zu bekommen, die er zu überreden oder zu bezaubern hofft.

Português
A A.L.S. (Análise das Lógicas Subjetivas) é um método de análise das palavras (unidades lexicais) de um texto falado ou escrito, inspirado pela psicanálise, que permite, sem recorrer ao não-verbal (intonações, gestos, mímicas, etc.), ter uma idéia da personalidade do autor e daqueles que ele pode esperar persuadir ou seduzir.

Español
El A.L.S. (Análisis de las Lógicas Subjectivas) es un método de análisis de las palabras (lexemas) de un texto hablado o escrito, inspirado por la psicoanálisis, que permite, sin recurrir al no verbal (intonaciones, gestos, mímicas), tener una idea de la personalidad del autor y de aquellos a los que puede esperar persuadir o seducir.

Italiano
L'A.L.S. (Analisi delle Logiche Soggettive, è un metodo di analisi delle parole ("lexèmes") di un testo parlato o scritto, ispirata per la psicanalisi, che permette, senza ricorrere al no-verbale (intonazioni, gesti, mimici), di avere un'idea della personalità dell'autore e di quelli che può sperare di persuadere o sedurre.



Résumé : Blog de diffusion de textes et de discussions autour de l'Analyse des Logiques Subjectives, méthode linguistique originale d'analyse de discours partant des métaphores courantes et de la psychanalyse.

Abstract : Blog about "Analysis of Subjective Logics ", an original linguistic approach in discourse analysis.


Mots-clé : linguistique, analyse de discours, métaphore, psychanalyse, Lacan, psychologie, psychologie sociale, psychose, paranoïa, schizophrénie, rhétorique, argumentation, épistémologie, poésie, littérature, Baudelaire, traduction, malentendu, expressions figées, Jean-Claude Milner, Albert Camus, Marie Cardinal, Amélie Nothomb, Georges Brassens, Henry Miller, Parménide, Cyrano de Bergerac, Aragon, Nietzsche, hystérie, obsession, phobie, angoisse, inconscient, rêve, rébus, subjiciel

Keywords : linguistics, "discourse analysis", metaphor, psychoanalysis, Lacan, psychology, social psychology, psychosis, paranoia, schizophrenia, rhetorics, argumentation, epistemology, poetry, litterature, Baudelaire, translation, misunderstanding, frozen expressions, Jean-Claude Milner, Albert Camus, Marie Cardinal, Amélie Nothomb, Georges Brassens, Henry Miller, Parménide, Cyrano de Bergerac, Aragon, Nietzsche,
hysteria, fixed idea, phobia, anxiety, the unconscious, dream, rebus, subjiciel

Schlüsselwörter : Linguistik, Redeanalyse, Metapher, Psychoanalyse, Lacan, Psychologie, soziale Psychologie, Psychose, Paranoia, Schizophrenie, Rhetorik, Argumentation, Epistemologie, Poesie, Literatur, Baudelaire, Übersetzung, Mißverständnis, starre Ausdrücke, Jean- Claude Milner, Albert Camus, Marie Cardinal, Amélie Nothomb, Georges Brassens, Henry Miller, Parménide, Cyrano de Bergerac, Aragon, Nietzsche, Hysterie, Zwangsvorstellung, Phobie, Angst, Unbewusstes, Traum, Rebus, subjiciel

Palavras-chaves : linguística, análise de discursos, metáfora, psicanálise, Lacan, psicologia, psicologia social, psicose, paranóia, esquizofrenia, retórica, argumentação, epistemologia, poesia, literatura, Baudelaire, tradução, equívoco, expressões bloqueadas, Jean- Claude Milner, Albert Camus, Marie Cardinal, Amélie Nothomb, Georges Brassens, Henry Miller, Parménide, Cyrano de Bergerac, Aragon, Nietzsche, histeria, idéia fixada, fobia, inquietude, o inconsciente, sonho, rébus, subjiciel

Palabras-clave : lingüistica, análisis de discurso, metáfora, psicoanálisis, Lacan, psicología, psicología social, psicosis, paranoïa, esquizofrenia, retórica, argumentación, epistemología, poesía, literatura, Baudelaire, traducción, malentendido, expresiones cuajadas, Jean-Claude Milner, Albert Camus, Marie Cardinal, Amélie Nothomb, Georges Brassens, Henry Miller, Parménide, Cyrano de Bergerac, Aragon, Nietzsche, histerismo, obsesión, fobia, angustia, inconsciente, sueño, jeroglífico, subjiciel

Parola-chiave : linguistica, analisi di discorso, metafora, psicanalisi, Lacan, psicologia, psicologia sociale, psicosi, paranoia, schizofrenia, retorica, argomentazione, epistemologia, poesia, letteratura, Baudelaire, traduzione, malinteso, espressioni idiomatiche, Jean-Claude Milner, Albert Camus, Marie Cardinal, Amélie Nothomb, Georges Brassens, Henry Miller, Parménide, Cyrano de Bergerac, Aragon, Nietzsche,  isterismo, ossessione, fobia, angoscia, inconscio, sogno, rebus, subjiciel
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